Bonjour à tous et bienvenue dans Éléments de langage, le vlog qui vous aide à ne faire passer aucun message. Aujourd’hui, je vais vous parler de l’épaisseur du trait. Cette expression à la fois visuelle et tactile vous permettra de balayer d’un geste les questions de vos adversaires et auditeurs.
Vous êtes dirigeant d’entreprise et on vous demande : « De combien s’est effritée la rentabilité cette année ? – Écoutez, je n’ai plus les chiffres sous la main, mais c’est vraiment l’épaisseur du trait… ». Mais votre chiffre d’affaires européen n’a-t-il pas reculé ? – Non, là, vraiment, c’est l’épaisseur du trait. A Bercy, l’expression est bien connue. Chaque année, c’est la même rengaine, et ça le sera encore en 2019. « Le déficit public restera-t-il sous la barre des 3% ? » « Écoutez, à quelques millions près, franchement, c’est l’épaisseur du trait… ».
Pour être sûr de vous faire comprendre, n’hésitez pas à montrer à vos acolytes à quel point ce trait est peu épais, avec vos doigts ou au moyen d’un stylo. Grâce à cette indication visuelle, votre interlocuteur comprendra bien que sa question est ridicule. Un trait, de manière générale, est peu épais. Sinon on dirait plutôt que c’est un ruban ou une banderole.
D’ailleurs, vous pouvez aller encore plus loin en parlant de l’épaisseur de la ligne, du tiret, ou de la biffure. N’hésitez pas à innover avec la longueur du point ou la hauteur d’un lac. Au pire, vous serez totalement incompris de l’assistance. Mais ça, c’est l’épaisseur du trait.