La cité d’expériences de Noisy-le-Sec. A l’été 1945, se dresse à une dizaine de kilomètres de Paris un chantier expérimental de maisons. Inaugurant la politique de chantiers expérimentaux menée par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, il traduit la volonté du gouvernement de moderniser le secteur du bâtiment mais aussi de promouvoir un nouvel habitat à la fois économique, familial et confortable.
Le site retenu se situe à Noisy-le-Sec, ville la plus sinistrée du Département de la Seine. Implantée un peu à l’écart du centre ville, la cité d’expériences dont le chantier se terminera en 1951 se compose de 55 maisons préfabriquées, c’est-à-dire constituées d’éléments fabriqués en usine et assemblés sur le chantier. Chacune d’elles doit être conçue avec des matériaux ou des procédés nouveaux, à partir de plans différents, et être dotée de systèmes de chauffage nouveaux. C’est notamment le cas de la maison CIMCAP, première maison édifiée au sein de cette cité et construite avec une ossature en béton armé vibré et des planchers-poutrelles sur lesquels reposent les dalles de béton. L’autre originalité de ce chantier réside dans la participation des pays alliés. Maisons suédoises, suisses, américaines, britanniques, canadiennes ou encore finlandaises sont édifiées, représentant un total de 26 maisons étrangères sur l’ensemble de la cité. La maison canadienne Faircarft en bois et aluminium est ainsi arrivée par bateau et « dépliée » sur site par seulement quelques hommes, la maison américaine UK100 (ossature en bois, revêtement extérieur en carton pressé) livrée en cinq lots puis montée sur place, tandis que les maisons anglaises Unitroy et Orlitt en dalles de béton sont construites par éléments préfabriqués.
C’est ainsi que tous les matériaux sont utilisés et sous toutes les formes : béton précontraint (maison STUP), béton de bois, béton de pouzzolane (maison Lemay), bois (maisons Armor, Southern Mill, City-Lumber…) mais aussi tous les types d’isolants (laine de laitier, laine de verre, isorel…). Le métal, bien que rare à l’époque, est lui aussi présent, que ce soit sous la forme de tôle pliée (Brissonneau & Lotz), de pans d’aluminium emboutis (Dennery) ou comme revêtement en aluminium (MC7). Des essais thermiques et phoniques sont enfin effectués et l’ensemble des maisons est doté d’équipements différents afin d’en étudier la fiabilité.
Cette expérience ne se limite pas à la seule utilisation de matériaux nouveaux, elle vise également à mettre ces maisons à l’épreuve de l’usage. Une fois terminées, ces maisons sont louées à des familles sinistrées de Noisy-le-Sec et ces familles mises à contribution pour répondre à des enquêtes sur leur habitation. Expérience architecturale, urbaine et sociale, la cité d’expériences de Merlan à Noisy-le-Sec constitue l’un des chantiers expérimentaux les plus originaux et les plus complets menés par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme.
Mots-clés : chantiers expérimentaux- habitat individuel- Reconstruction – préfabrication – cité expérimentale - MRU
Lieu(x) géographique(s) : Noisy-le-Sec (93)
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