Les mégalithes de Carnac se dressent vers le ciel sans se soumettre à une fonction quelconque comme s’ils déclaraient la guerre aux lois éternelles de la pesanteur pour inaugurer la transformation de la Terre en un vaste chantier permanent...
Plus tard les colonnes doriques, ioniques ou corinthiennes célèbreront à leur manière le moment inaugural de la surrection humaine, en rappelant les proportions des corps herculéens, féminins ou adolescents... Elles sortiront de la masse indifférenciée du mur archaïque et s’affirmeront comme des éléments porteurs qui se refusent à fermer et à enclore pour promouvoir un espace anthropocentré dans lequel les êtres humains pourront s’ouvrir au monde, tout en restant protégés.
Simplifiées et transformées - en grêles pilotis par Le Corbusier à la Villa Savoye en1929 ou en fin piliers cruciformes par Mies van der Rohe pour le Pavillon de Barcelone la même année - elles n’auront jamais cessé d’être interprétées et réinterprétées par les architectes. Ainsi les poteaux-nénuphars de Frank Lloyd Wright pour le siège de la Johnson Wax (1939) ou ceux arborescents de Marcel Breuer pour l’immeuble IBM à La Gaude (1962)...
Les colonnes savent aussi se superposer en suivant les préceptes de Vitruve, comme l’illustre la façade du Colisée romain. Une leçon reprise par Alberti au Palais Rucellai à Florence (1451) sur laquelle méditent encore Rafael Moneo pour la façade de l’hôtel de ville de Murcia (1998), Christian Kerez pour son immeuble de bureau à Lyon Confluence (2018) ou l’agence NP2F pour l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires à Marseille (2023)...