SCOFFIER - Université Populaire - Le baldaquin

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Nous sommes infiniment petits et fragiles sous le ciel immense et cruel dont le soleil nous brûle, la foudre nous effraie et les pluies diluviennes nous glacent... Un élément intermédiaire est indispensable pour s’interposer entre nous et cette immensité : un ciel de substitution capable d’engendrer un monde à notre échelle, à l’image du fils du dieu de la religion chrétienne qui intercède entre les hommes et son père terrible et vengeur...
C’est le sens de tous ces baldaquins éphémères dont rend compte la peinture Renaissance et classique, édifiés pour protéger les têtes couronnées, ou de ces multiples dais chargés de velours rehaussé de fils d’or et de perles qui viennent entourer les corps vulnérables des Vierges à l’enfant, notamment peintes par Jan Van Eyck...
Des dispositifs que l’on retrouve aujourd’hui dans l’architecture contemporaine de nos sociétés démocratiques pour protéger et mettre en valeur les citoyens anonymes. Ainsi le drap de béton tendu entre deux rangées de pylônes par Alvaro Siza et Eduardo Soto de Moura pour l’Exposition Universelle de Lisbonne en 1998 ; la voute suspendue à son portique réalisée en 2002 par Paulo Mendes da Rocha sur la place des Patriarches à São Paulo ; l’ombrière-miroir en inox poli de Norman Foster flottant sur le quai du vieux port de Marseille (2013) ou le préau de la petite école Vieilley réalisé par Bernard Quirot en 2003 qui parvient à hisser les enfants à la hauteur des montagnes qui les entourent...

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