Karol Mossakowski joue la Pastorale op.19 de César Franck. Concert enregistré à l'auditorium de la maison de la radio.
Au XIXe siècle, l’inspiration de la pastorale s’élargit. D’un côté toujours l’esprit de Noël et l’atmosphère bucolique et champêtre qui lui est associée, laquelle n’a cessé d’inspirer les musiciens depuis l’Oratorio de Noël de Bach ou le Messie de Haendel (Sinfonia pastorale) jusqu’au Chœur des bergers de L’Enfance du Christ (1854) de Berlioz, l’Oratorio de Noël (1858) de Saint-Saëns – dont le Prélude se souvient à la fois de la Pastorale pour orgue de Bach et semble annoncer celle de Franck –, ou les Pastorales de Noël (1943) d’André Jolivet. De l’autre une évocation de la nature, simple prétexte ou aspiration profonde pouvant prendre des proportions considérables, ainsi dans la Symphonie n° 6 de Beethoven.
Quatrième de ses Six pièces d’orgue de 1860-1864, premier cycle d’importance ayant vu le jour après son accession à la tribune de Sainte-Clotilde en 1858 et l’achèvement de son orgue Cavaillé-Coll l’année suivante (Fantaisie en ut, Grande Pièce symphonique, Prélude, fugue et variation, Pastorale, Prière, Final), la Pastorale de César Franck se nourrit de ces deux tendances. L’œuvre tripartite fait tout d’abord chanter le hautbois – celui du clavier de Récit de Sainte-Clotilde était d’une exceptionnelle douceur – mêlé au Bourdon de 8 pieds et à la Flûte de 4, mélange suivi d’un deuxième motif, ample et descendant, sur les Bourdons de 8 et de 16. La section centrale généreusement développée, plus sonore (avec Trompette du Récit) et plus vive : Quasi allegretto, correspond à l’évocation, ici plus stylisée que descriptive, de la traditionnelle scène d’orage propre à la pastorale d’obédience romantique, avec son lot de régulières (et modérées) bourrasques de main gauche. La Pastorale de Franck se referme sur un retour à l’atmosphère initiale, les deux thèmes non plus traités alternativement mais superposés.