Karol Mossakowski joue la Pastorale BWV 590 de Jean-Sébastien Bach. Concert enregistré à l'auditorium de la maison de la radio.
La dénomination « pastorale » (genre dont l’origine remonte au chant grégorien, plus particulièrement aux antiennes de l’office de Noël, fête à laquelle il est principalement rattaché) répond à une forme double. Il peut s’agir d’une petite œuvre dramatique, musique vocale avec instruments d’esprit idyllique et champêtre mettant souvent en scène bergers et bergères : on en trouve maints exemples dans la musique européenne du baroque et de l’ère classique, notamment en France, de Charpentier à Rameau et Mondonville. Il peut aussi s’agir d’une pièce instrumentale, éventuellement soliste, également en lien avec la vie des bergers et le temps de la Nativité, sous très nette influence italienne.
Transmise par des copies anciennes sous le titre de Pastorella pro organo et semblant dater de la fin de la période de Weimar, la Pastorale de Bach est en quatre mouvements dont seul le premier, Präludium, suit la forme traditionnelle, italienne (celle d’un Zipoli est de même esprit), tenant principalement à une mesure à 12/8 (d’où une certaine parenté avec la sicilienne, le rythme pointé en moins), le doux balancement du chant et de l’accompagnement reposant sur de longues et douces tenues de pédale. Strictement manualiter (sans partie de pédale), les mouvements suivants s’affranchissent de l’esprit de cette page initiale, la Pastorale proprement dite. On trouve successivement une Allemande à 4/4 sur un rythme vif et syncopé, en deux sections avec reprises ; une Aria à 3/8 (spécifiée à 2 Clav.), dont le chant lyrique et ornementé est soutenu par des accords réguliers de la main gauche ; enfin une Gigue à 6/8 en forme de fugato à trois voix sur un long sujet délicieusement volubile, page en deux parties avec reprises dont la seconde, à la manière des gigues terminales des Partitas pour clavier BWV 825-830, se présente tel un renversement augmenté de la première.