Hélène Collerette, Nadine Pierre et Catherine Cournot interprètent le Trio pour violon, violoncelle et piano composé par Germaine Tailleferre.
Pour Darius Milhaud, Germaine Tailleferre « est une délicieuse musicienne, qui travaille lentement et sûrement. Sa musique a l’immense mérite d’être sans prétention, cela à cause d’une sincérité des plus attachantes. C’est vraiment de la musique de jeune fille, au sens le plus exquis de ce mot, d’une fraîcheur telle qu’on peut dire que c’est de la musique qui sent bon ». Erik Satie échangea avec elle une correspondance dans laquelle il l’appelle « ma gracieuse amie », « ma complice », « ma sœur en musique » ou encore « ma fille musicale ». Reprenant un mot de ce dernier, Jean Cocteau la qualifia de « Marie Laurencin pour l’oreille », faisant ainsi un parallèle au féminin entre peinture et musique. Germaine Tailleferre dressera en ces termes son autoportrait : « Je n’ai pas grand respect pour la tradition. Je fais de la musique parce que ça m’amuse, ce n’est pas de la grande musique, je le sais. C’est de la musique gaie, légère, qui fait que, quelquefois, on me compare aux petits maîtres du XVIIIe siècle, ce dont je suis très fière. »
Née Germaine Marcelle Taillefesse en 1892 à Saint-Maur-des-Fossés, la jeune femme de vingt ans côtoya Milhaud, Auric et Honegger au Conservatoire de Paris. Après l’obtention de ses prix de solfège, d’harmonie, de composition et d’accompagnement, elle s’imposa dans le milieu musical parisien avec Jeux en plein air pour deux pianos, qui attira l’attention de Satie, et plus tard celle de Ravel avec qui elle travaillera l’orchestration, et qui en 1928 louera lors d’une conférence aux États-Unis « la géniale musique de Germaine Tailleferre ». En 1916-1917, elle composa un Trio pour violon, violoncelle et piano en trois mouvements qui, du fait de la Grande Guerre, restera pendant des décennies dans un tiroir. Ce n’est qu’en 1978, lorsque le ministère de la Culture lui commanda une nouvelle œuvre, qu’elle décida de reprendre le Trio, en lui ôtant son mouvement central, et en le remplaçant par deux mouvements peu ou prou dans le même style.