Rachmaninov : Trio élégiaque pour piano, violon et violoncelle n°2 op.9 (A. Kniazev / A. Korobeinikov / D. Makhtin)

France musique 2018-09-13

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Après un premier et bref Trio élégiaque daté de janvier 1892, Rachmaninov mit en train son Trio élégiaque n° 2 le 25 octobre 1893, le jour même de la mort de Tchaïkovski. Il acheva sa partition en cinq semaines (« Toutes mes pensées, toutes mes forces lui ont été consacrées ») et en assura lui-même la création en compagnie de deux de ses amis, dès le 31 janvier de l’année suivante.
Il semblerait cependant que l’œuvre ait été écrite un peu vite, sous le coup de l’émotion, car Rachmaninov y apporta un certain nombre de modifications en 1907 et en 1917. Chose étonnante, il supprima en 1907 une partie d’harmonium prévue dans le deuxième mouvement !
Le Moderato initial s’ouvre sur un motif obstiné du piano, sinistre lamento auquel répond une mélodie d’une grande tristesse confiée au violoncelle. Le violon ajoute sa voix jusqu’à ce qu’éclate, à l’issue d’un poignant crescendo, un Allegro moderato qui, à la suite de bien des péripéties, aboutira à une conclusion énigmatique, à la fois douloureuse et résignée.
Le vaste deuxième mouvement est constitué d’un thème exposé Andante au piano, que suivra un ensemble de huit variations. Ce thème, raconte Pierre-Émile Barbier, « est emprunté à la Fantaisie pour orchestre op. 7 “Le Rocher”, que Rachmaninov avait terminée au début de l’année 1893 et que Tchaïkovski se proposait de créer à Moscou ». Les variations ne gagnent pas graduellement en ampleur ni en vitesse, elles font au contraire varier les textures, les ambiances et les tempos, de l’Allegro pour les trois instruments au Moderato final, en passant par un Lento pour piano seul, un tourbillonnant Allegro scherzando, un Moderato on ne peut plus dépouillé suivi d’un Istesso tempo qui fait la part belle au violoncelle, enfin d’un Allegro vivace et d’un Andante qui redonnent la main au piano.
Le bref Finale semble vouloir conclure dans l’urgence en reprenant la matière du premier mouvement, mais s’achève dans une ambiance désolée.
Texte par Christian Wasselin

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