Un deuxième prix Nobel de la paix est sorti de son silence pour rappeler à l’ordre Aung San Suu Kyi la quasi chef du gouvernement birman à propos des exactions commises par l’armée contre la minorité musulmane des Rohingyas.
Desmond Tutu, l’ex-archevêque d’Afrique du sud, a adressé jeudi une lettre ouverte à sa consoeur, prix Nobel de la paix en 1991, pour l’exhorter “à intervenir dans la crise qui dégénère” en Birmanie et à protéger les Rohingyas, cette minorité musulmane persécutée par les forces de sécurité.
Desmond Tutu exhorte Suu Kyi à intervenir pour protéger les Rohingyas https://t.co/xR65ajQGEE pic.twitter.com/mMxIQFEeP8— Libération (@libe) 8 septembre 2017
Desmond Tutu : “Je suis maintenant vieux, faible et officiellement à la retraite, mais je romps mon voeu de garder le silence en raison de ma profonde tristesse au sujet de la situation désespérée des Rohingyas. Si le prix politique à payer pour votre ascension politique en Birmanie est votre silence, le prix est assurément trop élevé. Il est incongru pour un symbole de justice de diriger ainsi un pays.”
Aung San Suu Kyi avait déjà été interpellée par Malala Yousafzai, un autre prix Nobel de la paix, qui lui avait demandé de mettre fin aux exactions de l’armée. Mais la “Dame de Rangoon” lui avait sèchement répondu en dénonçant “un iceberg de désinformation” concernant la crise des musulmans rohingyas.
Depuis le 25 août, près de 270 000 personnes ont fui la Birmanie pour se rendre au Bangladesh, selon l’ONU, qui craint désormais une grave crise humaniaire. Maisons brûlées, meurtres, pose de mines antipersonnelles… les Rohingyas, véritables parias en Birmanie, dénoncent une vague de violence sans précédent contre les populations civiles de la région de l’Arakan, à l’ouest du pays.
Les tensions entre musulmans et bouddhistes existent depuis des décennies. Mais la situation s’est envenimée en octobre dernier lorsqu’un groupe de rebelles, jusqu’ici inconnu, dénommé ARSA (Armée arakanaise du salut rohingya) a lancé plusieurs attaques terroristes contre des postes-frontières provoquant une vaste campagne de répression, au point que l’ONU a fini par évoquer une “épuration ethnique”.
La lettre (en anglais) de Desmond Tutu
#DesmondTutu chastises #ASSK over #Rohingya: “If price of your ascension to highest office in #Myanmar is your silence, price is too steep.” pic.twitter.com/ESAWLYYKs3— Jon Williams (@WilliamsJon) 8 septembre 2017
Avec Agences