Initié par Prince Paul, producteur célèbre de De La Soul ou Big Daddy Kane, Gravediggaz est le premier rejeton de ce qu'on a appelé à l'époque l'horrocore, un rap sec et brutal qui délaisse l'imagerie gangsta traditionnelle des gros flingues et des drive by shooting pour verser dans l'ésotérisme, le morbide, voire le gore pur et simple. Un voyage dans l'horreur hardcore où la grande faucheuse (The Grim Reaper alias Poetic), le croque-mort (Prince Paul), le gardien (Fruitkwan) et le résurrecteur (RZA) mènent le bal, accompagnés de leurs multiples invités (Masta Ace, Kurious, Killer Priest...), jouant sur une imagerie gothique où s'agitent cadavres putrescents et serial-killers prisonniers de leur propre esprit. Une Famille Addams version Wu-Tang qui suscitera quelques vocations et des plagieurs plus ou moins inspirés - "moins" du côté des Flatliners, "plus" du côté de l'Insane Clown Posse et ses rappeurs maquillés façon Kiss dont les albums parviennent eux aussi à marier imagerie cauchemardesque et hip-hop poisseux.