MONTAGE (Antoine Harari)
Co-présenté avec France Culture et l'Académie de Droit International Humanitaire et de Droits Humains (ADH)
Quand Bryan poussait un bouton depuis le nouveau Mexique, quelqu'un mourait de l'autre côté de la planète. Le jeune pilote américain, dont le témoignage a défrayé la chronique, a ainsi tué des dizaines de personnes.
Le mandat Obama est sans conteste celui du règne des drones. Des frappes «chirurgicales» efficaces, des coûts relativement limités, pas de victimes côté américain. Ce choix politique est pourtant en porte à faux avec le droit international. Cependant pour certains, la fin justifiant les moyens, il s'agit quand même de la meilleure méthode pour éliminer les terroristes.
Washington, engagée dans une «guerre globale» contre Al-Qaida, s'estime en droit de frapper des zones hors champs de bataille, comme au Pakistan et au Yémen. Or le recours aux drones pour liquider - sans autre forme de procès - des terroristes présumés revient à des exécutions extrajudiciaires: ce qui est interdit par le droit international relatif aux droits humains.
Dans le sillage des « cibles » abattues, des centaines de victimes civiles sans possibilité d'obtenir justice. Gagnées par un sentiment anti-américain, ces populations musulmanes sont enclines à venir grossir les rangs de Al-Qaida.
Autre sphère mouvante : la question de la justiciabilité de ces missions militaires. Qui endosse la responsabilité des bavures ? Celui qui actionne les manettes (souvent des "combattants illégaux" de la CIA) ? Celui qui donne les ordres? Le fabriquant? Une question que vient complexifier la sous-traitance opérationnelle auprès des sociétés privées.
Et comment ne pas s'inquiéter de la déshumanisation d'une guerre virtuelle où le soldat confortablement installé derrière l'ordinateur tue par procuration ?
Carole Vann