Père scientifique du premier bébé éprouvette, Jacques Testart est un chercheur engagé, Citoyen vigilant, préoccupé des dérives de nos sociétés, il s'affirme le défenseur têtu "d'une science contenue dans les limites de la dignité humaine" et de la démocratie réelle. Autant de prises de positions scientifiques et éthiques qu'il expose dans de nombreux articles de presse et ouvrages.
Le chercheur n’est plus un artisan démuni matériellement et isolé de ses collègues comme de la société. Son activité se déroule en équipe, souvent pluridisciplinaire, et consiste surtout à rendre possible une innovation, à la demande d’institutions publiques ou privées. Ces demandes prennent en compte l’état du développement technologique, les marchés escomptés et l’acceptabilité sociale estimée, aussi diffèrent-elles peu d’un pays à un autre ou d’un laboratoire à son voisin de même spécialité. Si bien que les chercheurs s’activent simultanément partout sur des thèmes analogues pour lesquels ils s’engagent à apporter une solution (publication scientifique, brevet, savoir-faire,...) dans un délai fixé contractuellement. Cette condition mise à leur financement implique une compétition soutenue et une obligation de résultat à l’échéance prévue, toutes obligations qui peuvent mettre à mal la déontologie et précipitent des résultats parfois “améliorés”ou aux conséquences insuffisamment réfléchies en amont. La condition nouvelle du chercheur (maillon d’une entreprise finalisée) n’en fait pas un salarié ordinaire aux responsabilités moindres que celles du savant d’antan.
Il faut cultiver chez les citoyens l’audace et la capacité de se prétendre juge de ce que font les laboratoires. Le danger n’est plus celui d’une « science sans conscience » mais d’une technoscience toute puissante et sans contrôle dont les conséquences, outre la « ruine de l’âme », concernent tout simplement l’anéantissement.