Lorsque François Bayrou présentera ses principales orientations à l'Assemblée nationale mardi, Élisabeth Borne, la ministre actuelle de l'Éducation nationale, lira le même discours en simultané au Sénat, conformément à la tradition.
## Une situation délicate pour Élisabeth Borne
Le moment pourrait être à la fois cocasse et difficile pour la Première ministre ce mardi 14 janvier à 15h. Traditionnellement, le second membre du gouvernement lit la déclaration de politique générale en même temps dans l'autre chambre, ce qui revient donc à Élisabeth Borne, placée en numéro deux dans l'ordre protocolaire.
C’est à elle, surnommée "madame Réforme des retraites", de peut-être annoncer un gel, une suspension ou une renégociation de sa propre réforme. La décision finale dépendra des arbitrages, bien que des socialistes évoquent déjà un tournant du Premier ministre. Toutefois, tout reste possible jusqu'à l'heure du discours.
## La pression du 49.3
Élisabeth Borne, qui a été vivement critiquée par la gauche au moment de son recours au 49.3, avait alors défendu cette action en affirmant : "C'est sur votre réforme, sur le texte du Parlement, fruit d'un compromis entre les deux assemblées, que je suis prête à engager ma responsabilité." Elle voit cette décision comme une marque d'impopularité durable, comme elle le mentionne dans un récit personnel.
Cet après-midi pourrait également avoir une forte portée symbolique. Selon les propos d’un conseiller de l’ancienne majorité, devant les sénateurs, elle serait dans une configuration très délicate, bien pire que celle de François Bayrou. Elle pourrait être contrainte de "se renier devant une chambre opposée à toute forme de retrait" de sa réforme, ce qu'il décrit comme une "double peine".
## Une dynamique relationnelle en évolution
Certains pourraient interpréter cela comme une manigance de François Bayrou. Lorsqu'il était à Matignon, il avait tendance à critiquer Élisabeth Borne, insinuant qu’elle n'était pas l'élément adéquat. Néanmoins, il ne faut pas penser qu'il avait d'illustres intentions en plaçant Élisabeth Borne en seconde position de son gouvernement. Au contraire, selon une ministre, leur lien s'est solidifié au fil du temps, les alignant même pour parler d'une seule voix dans les deux chambres cet après-midi.