Un juge argentin a émis un mandat d'arrêt contre Daniel Ortega pour des accusations de "violation systématique des droits humains" au Nicaragua. Cette démarche judiciaire se produit dans un contexte où le régime du président s'est considérablement renforcé ces dernières années.
## Une dictature sanglante
Dario Richarte, avocat argentin, affirme que le gouvernement d'Ortega et de Rosario Murillo est "peut-être la dictature la plus sanglante" du continent. Avec le soutien d'un groupe académique de l'Université de Buenos Aires, il a déposé une plainte qui a conduit à l'émission, le 30 décembre, d'un mandat d'arrêt international à l'encontre d'Ortega et de sa femme.
## Poursuites grâce à la compétence universelle
La procédure engagée en Argentine s’appuie sur le principe de "compétence universelle", permettant de juger les crimes contre l'humanité, peu importe où ils ont été commis. Ce principe a été à l'œuvre lors de l'arrestation d'Augusto Pinochet à Londres en 1998. Cette nouvelle démarche judiciaire fait suite à une enquête lancée aux États-Unis sur les violations des droits humains, et aux inquiétudes exprimées par les Nations Unies et des ONG concernant la situation au Nicaragua.
## Une figure emblématique depuis des décennies
Daniel Ortega est une figure incontournable de l’histoire nicaraguayenne depuis les années 1970. Avec le soutien de Jimmy Carter, il avait aidé à renverser la famille Somoza en 1979 lors de la révolution du Front Sandiniste. En tant que leader, il a d'abord apporté des améliorations significatives, mais après avoir perdu plusieurs élections, il revient au pouvoir en 2007 et s’y maintient depuis.
## L'autoritarisme croissant depuis 2018
Les changements constitutionnels ont déjà laissé entrevoir le virage autoritaire du régime, qui s'est intensifié lors des manifestations antigouvernementales de 2018, marquées par une répression sévère. Plus de 320 personnes ont été tuées et des milliers blessées, et c'est à partir de ce moment qu'Ortega a consolidé un État policier caractérisé par la surveillance et le népotisme.
## Un constat alarmant pour l'opposition
Rosario Murillo est devenue vice-présidente, consolidant ainsi le pouvoir familial. Les opposants politiques sont soumis à des arrestations, des exils ou perdent leur nationalité. Le parti sandiniste a dominé les élections municipales récentes, et une nouvelle réforme constitutionnelle, prévue pour janvier, devrait renforcer le contrôle du pouvoir exécutif sur les collectivités locales tout en faisant de Murillo "la coprésidente" du Nicaragua. La succession semble donc soigneusement orchestrée.