A quoi bon ?… A quoi bon se lever, se laver, s’habiller ? A quoi bon travailler, aimer ?…
“Oblomov”, roman d’Ivan Gontcharov paru en 1859, est un monument de la littérature russe. Et dans l’histoire littéraire, le personnage d’Oblomov est même devenu une figure mythique, au même titre que Don Juan, Faust ou Don Quichotte.
Oblomov est un jeune aristocrate qui vit reclus dans un petit appartement de Saint-Pétersbourg, à la fois criblé de dettes et menacé d’expulsion, et n’ayant pour toute société que son fidèle et vieux domestique Zakhar.
Sa particularité est de ne pouvoir sortir de son lit, si tant est qu’il essaie. Personnage mélancolique, accroché à l’enfance, adepte de la procrastination, du rêve ou tout simplement du sommeil, Oblomov tient finalement tête à une société industrieuse tout autant qu’à une aristocratie oisive qu’il juge l’une et l’autre dérisoires. Même l’amour lui paraît une entreprise vaine et fatigante.
Mais l’inertie du héros est moins un renoncement, une « paresse » que le refus assumé d’un monde lui paraissant dénué de sens, incapable de répondre à cette angoissante question : « À quoi bon ? »
En s’attachant aux seuls personnages d’Oblomov et de Zakhar, l’adaptation qui est ici proposée condense la puissance du roman et, par le duo plein de rage et de drôlerie que ceux-ci constituent, fait éclater la profonde sagesse d’un jeune homme qui, pour demeurer fidèle à lui-même, a le courage de faire face à la société tout entière et à ses idéaux – posture qui résonne singulièrement avec les doutes et les appréhensions de notre jeunesse d’aujourd’hui.