Le gouvernement a fait face à des défis majeurs lors de l'examen de son projet de loi de finances pour 2025 à l'Assemblée nationale, en raison d'amendements rendant la recherche d'accords difficile et de mesures d'économies contestées même au sein de son propre camp. Cependant, le Sénat pourrait offrir à Michel Barnier une solution salvatrice.
## Une stratégie sous-jacente
Le Premier ministre pourrait choisir de prolonger la discussion budgétaire au sein de l'Assemblée nationale, démontrant ainsi sa volonté de respecter le travail des députés, tout en gardant à l'esprit une manœuvre pour se tourner vers le Sénat. En effet, les règles constitutionnelles autorisent cette option, laissant entrevoir que le Sénat pourrait devenir l'arbitre ultime pour cette question budgétaire.
## Une majorité au Sénat
En se tournant vers le Sénat, le chef du gouvernement pourrait bénéficier d'une majorité favorable, facilitant ainsi le passage des mesures budgétaires. Il n'est pas anodin que Michel Barnier ait récemment participé à une réunion des sénateurs Les Républicains, d'autant plus que son gouvernement a également une présence notoire au Sénat avec une dizaine de sénateurs, ce qui est plutôt rare.
## Des débats sous un autre angle
Dans l'ambiance du Sénat, la majorité de droite, dont fait partie le Premier ministre, est plus disposée à soutenir ses propositions budgétaires. Toutefois, cela n'indique pas que le texte restera inchangé. En effet, le sens du compromis y est traditionnellement plus fort qu'à l'Assemblée, pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, l'âge moyen plus élevé des sénateurs, qui peut apporter une certaine sagesse, ainsi qu'un mode d'élection indirect, qui réduit la pression électorale.
## Une absence de tension médiatique
De plus, les débats au Sénat sont généralement moins tendus car les voix les plus extrêmes sont moins présentes. Bien que la gauche soit représentée, les Insoumis sont absents et le Rassemblement national n'a que trois membres. Ainsi, la dynamique au Sénat est plus sereine et propice au dialogue.
## Controverses passées sur le Sénat
Il y a eu des tentatives dans le passé de se passer du Sénat. Le Général de Gaulle l'avait controversé, le qualifiant d'"erreur de la Ve République", et un référendum en 1969 visait même à le supprimer, sans succès. Plus récemment, Lionel Jospin l'avait qualifié d'"anomalie démocratique".
## Un nouveau rôle pour le Sénat
Cependant, ceux qui aspiraient à sa disparition ne pouvaient prévoir que le Sénat pourrait aujourd'hui jouer un rôle essentiel dans la stabilité budgétaire de l'État français. Le sénateur centriste Hervé Marseille n'a pas manqué d'exprimer sa satisfaction : "Le Sénat is back". Cela démontre que le bicamérisme en France, avec ses deux chambres législatives, est toujours bien ancré dans le paysage politique.