Camille Bertault et Natalie Dessay chantent, avec l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mathieu Herzog, la chanson "De Delphine à Lancien", extraite de la bande originale des Demoiselles de Rochefort, composée par Michel Legrand. Concert enregistré le 27 janvier 2022
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Ext. de la BO du film "Peau d'âne" de Jacques Demy.
Jacques. Qui se cache derrière ce prénom ? Non pas un, mais deux Jacques : Jacques Demy et Jacques Canetti. Un « frère » et un « père ». Canetti, c’est un « ersatz paternel » pour Michel, dont le propre père, Raymond Legrand, avait abandonné le foyer familial quand il avait trois ans ; Canetti, c’est aussi, comme le dit Michel Legrand, « l’homme le plus influent du disque » dans les années de l’après-guerre. Producteur hors normes, découvreur des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes de la « chanson française » (Brassens, Brel, Aznavour, Vian, Gainsbourg, Bobby Lapointe, Mouloudji), Canetti est « un personnage étonnant », un « petit homme d’une vaste culture » (il est le frère de l’écrivain suisse germanophone Elias Canetti), « entreprenant et créatif, polyglotte, à la pointe de la nouveauté ».
Dès 1952, Canetti accorde sa confiance au fils de Raymond Legrand, jeune pianiste doué. Sous sa houlette, Michel travaille d’arrache-pied avec les vieilles gloires (Maurice Chevalier, Tino Rossi) et les jeunes interprètes (Henri Salvador, Catherine Sauvage) jusqu’au début des années 1960. À la tête de son propre orchestre, il arrange d’innombrables pièces dans un éclectisme foisonnant : « musiques du monde » adaptées au goût occidental, rock and roll, airs aux accents jazzy, variétés.
Michel Legrand est conscient de l’importance de Canetti dans son parcours : « Pour paraphraser Beethoven évoquant sa fameuse Cinquième : C’est le destin qui frappe à ma porte ». Et le destin du jeune musicien talentueux, c’est de rencontrer un succès incroyable dès 1954. Le disque 33 tours I Love Paris le propulse sur le devant de la scène internationale et le fait connaître des deux côtés de l’Atlantique. Mais la veine créatrice de Michel se révèle aussi à ce moment grâce à La Valse des lilas : « J’étais un jeune arrangeur stakhanoviste, elle fait de moi un prometteur compositeur de chansons. »
Cette promesse, Michel la tient et son génie s’épanouit au cinéma : outre ses collaborations avec Godard, Varda, Chris Marker (Le Joli Mai en 1962), l’extraordinaire amitié qui l’unit à Jacques Demy lui permet de révéler toute l’étendue de son art. Demy, ou « l’une des plus belles rencontres humaines et professionnelles de mon existence ». Michel Legrand, qui se nomme joliment « la moitié de Demy », accompagne son alter ego depuis Lola jusqu’à Parking (1985).
Mais c’est dans les trois chefs-d’œuvre que sont Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort et Peau d’âne qu’est réalisée la symbiose miraculeuse entre la musique et l’image. De ces films musicaux, il reste