L'Orchestre philharmonique de Radio France interprète la Symphonie alpestre op 64 de Richard Strauss sous la direction de Fabien Gabel. Extrait du concert enregistré le 16 juin à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
Nul mystère pour la Symphonie alpestre, avec une manière de programme spécifique que distribuent et illustrent les sous-titres de chacune de ses multiples nombreuses parties. Il s’agit d’une symphonie descriptive, à la façon des poèmes symphoniques du compositeur, dont elle tient davantage l’inspiration que de la forme de structure spécifiquement symphonique. En témoignent ses inhabituelles vingt-deux parties, en un seul mouvement enchaîné en continu, qui voguent de la « Nuit » (Nacht, n° 1), pour y retourner en toute fin (n° 22), en passant par « Entrée dans la forêt » (Eintritt en den Wald, n° 4), « Errance à travers fourrés et taillis » (Durch Dickicht und Gestrüpp auf Irrwegen, n° 10), « Moments dangereux » (Gefahryolle Augenblicke, n° 12) et « Calme avant la tempête » (Stille vor dem Sturm, n° 18).
Ou le déroulé d’une journée d’excursion et d’ascension en montagne. Quand on sait que Strauss avait séjourné dans les Alpes bavaroises, dont il évoque ici le souvenir à n’en pas douter, de manière quasi autobiographique. Avec peut-être aussi un désir de s’éloigner, par son sujet, des affres de la Grande Guerre, dans ses prémices puis son déclenchement.
Voilà une musique descriptive s’il en est. Strauss n’hésite pas à se répandre en matière narrative, mais comme le préconise Romain Rolland : « Supprimez tout programme et l’œuvre reste claire et poignante par l’unité de son émotion intérieure ». Cette Symphonie alpestre réunit un effectif orchestral considérable, avec, de surcroît, des instruments rares, comme l’éolienne et la machine à tonnerre.
Le début se fait serein, lent et doux (évocation de la « Nuit », Nacht), malgré ses cuivres, comme un climat d’attente. Puis les cuivres se déchaînent quelque peu (« Lever du soleil », Sonnenaufgang) et éclate à la suite la fureur de tout l’orchestre sur un thème de marche (« L’ascension », Der Anstieg). Ensuite les instruments gambadent, à l’image de la promenade (« L’arrivée en forêt », Eintritt in den Wald, « Marche près du ruisseau », Wanderung neben dem Bache), puis l’orchestre se déploie avec vigueur (« À la cascade », Am Wasserfall, « Apparition », Erscheinung).
L’appel de fanfare mène à une thématique suave (« Sur les prés fleuris », Auf Blumingen Wiesen). Une pause prélude à un passage plus langoureux (« Sur les pâturages », Auf der Alm). La narration reprend, toujours évocatrice par son orchestre démultiplié (« Perdu dans les fourrés », Durch Dickicht und Gestrüpp auf Irrwegen, « Sur le glacier », Auf dem Gletscher, « Moments dangereux », Gefahrvolle Augenblicke). Pizzicatos et cordes frottées annoncent une autre atmosphère, plus délicate mais toujours épanchée, repris dans des ponctuations acerbes. Le mouvement se fait alors lyrique, lancé par le pastoral hautbois