"Ce sont des images pénibles à regarder", grimace un policier rompu au maintien de l’ordre, depuis de l’Évêché, le commissariat central de Marseille.
La vidéo de 24 secondes, captée dimanche soir par une étudiante, en stage à La Provence, montre trois hommes, manifestement des policiers en civil, ainsi qu’un fonctionnaire en tenue antiémeute, frappant une personne à terre, prostrée contre une voiture, tandis que d’autres unités de maintien de l’ordre poursuivent leur progression. Nous avons tenté de comprendre ces derniers jours le contexte précis de cet incident.
La scène se déroule vers 21h30, rue Horace-Bertin (5e), à proximité immédiate de la place Jean-Jaurès, où le Carnaval indépendant de la Plaine laisse place, depuis plusieurs heures déjà, à des échauffourées avec les forces de l’ordre. "J’ai d’abord pensé à des blacks blocs ou des groupuscules d’extrême-droite, puis j’ai vu les CRS en protection", explique l’étudiante, qui, alertée par l’odeur des gaz lacrymogènes, assiste à la scène depuis un appartement.
À la suite de la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux quelques heures plus tard, le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour "violences volontaires en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique" et confié les investigations à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Aucune plainte n’avait encore été déposée, ce mercredi, selon le parquet, et l’identité de la personne victime des coups demeurait à préciser. Toutefois, selon nos informations les agents en civil qui apparaissent sur les images ne seraient pas des policiers de la Bac, mais des fonctionnaires appartenant à une autre unité d’intervention.
"Il y a des gestes qui ne sont pas déontologiques. Mais ils n’arrivent pas à menotter", convient le porte-parole régional du syndical Alliance, Rudy Manna, qui rappelle le contexte particulièrement difficile de l’intervention. "Ils ont vécu une soirée d’enfer, plusieurs heures de violences dans un contexte d’une rare tension."
Selon la préfecture de police, 20 personnes ont été interpellées et 25 fonctionnaires légèrement blessés lors du carnaval de La Plaine.