« 75 % de la diversité des plantes cultivées a disparu » : ce chiffre revient sans cesse dans la communication institutionnelle ou dans la presse. Si la période pendant laquelle était survenue cette chute varie d’un texte à l’autre (de quelques décennies à un siècle), la source mentionnée est, inexorablement, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’allégation est même parfois présentée comme la conclusion du dernier rapport en date de l’organisation.
Cette érosion génétique et uniformisation des espèces cultivées fait peser un risque plus élevé de pertes des récoltes en cas de sensibilité à une maladie ou un ravageur, là où l’exploitation de multiples variétés répartit ce danger.
Problème : contactée par Désintox, la FAO assure ne plus employer le chiffre de 75% « depuis longtemps » ... Et peine à retrouver sa source. En fouillant dans les archives, il semblerait que le chiffre trouve son origine dans une conversation informelle entre deux environnementalistes à la fin des années 70. Dont la chercheuse Erna Bennett, à qui est notamment attribuée l’expression même « d’érosion génétique ». Bref, il s'agit d'une estimation au doigt mouillé très datée, plutôt qu’une étude scientifique qui aurait vocation à être reprise cinquante ans plus tard.
Et depuis ? Les chercheurs s’accordent pour dire qu’une tendance à l’homogénéisation des espèces cultivées est indéniable au niveau mondial. Mais ils estiment, dans le même temps, que les données manquent pour quantifier le phénomène. Autrement dit, si le risque d’érosion génétique au niveau mondial est avéré, rien n’accrédite donc ce chiffre si repris de 75%.