Pour que le vin puisse continuer d’accompagner les soirées d’été, il est temps de récolter. Pour cela, les habitués sont prêts : sécateurs en mains, ils ont troqué leurs claquettes de plage contre des baskets adaptées.
Pour beaucoup, il s’agit du travail idéal pour se faire un peu d’argent avant de retourner à d’autres occupations. À La Cadière d’Azur (Var), au Domaine du Pey-Neuf, 35 personnes ont commencé le travail le 1er septembre. Guy Arnaud, le propriétaire, supervise tout ce monde dans ses vignes. Avec son tracteur, il passe régulièrement récupérer les raisins qu’il rapporte à la cave, où commence la presse. "Nous avons des Italiens, des Espagnols, mais aussi des Français venus d’un peu partout. Ils sont nombreux à adopter une vie de roots, ils se font un peu d’argent ici et ils repartent", décrit-il.
Dans les rangs, l’humeur est plutôt joyeuse. Chacun s’occupe d’une petite partie de la parcelle, certains chantent, et tous échangent des vannes. La majorité de ces saisonniers déclare "aimer la nature" - cette activité est donc idéale pour eux. D’autant que pour couper les raisins, nul besoin de formation. "Au début, ça peut sembler difficile, on peut se couper ou être un peu lent, mais plus on pratique, plus on progresse", constate Magali, qui vendange depuis plus de 30 ans.
La vitesse de coupe, elle la connaît et maîtrise. En quelques minutes seulement, elle fait tomber toutes les grappes de son plan, et passe au suivant, le tout, en discutant avec ses voisins… Pendant que les autres "coupeurs" agissent comme elle, les "porteurs" circulent avec des seaux pour ramasser les fruits. Ce jargon n’est pas utilisé au hasard : le domaine du vin, lorsque les vendanges ont lieu, chacun reste assigné à sa tâche. Et cela donne lieu à un véritable travail d’équipe.
"L’été le plus chaud depuis 2003"
Cette année, Guy a rencontré quelques difficultés lors du recrutement. "Cela peut s’expliquer par la hausse du gasoil. Je suis passée par une agence d’intérimaire qui m’a envoyé du monde", décrit-il. C’est la première fois qu’il doit collaborer avec une telle structure.
Habituellement, "il trouve facilement". D’autant que pour cette saison, il avait besoin de moins de main-d’œuvre que d’ordinaire. À cause de la sécheresse, le propriétaire du domaine s’attend à une maigre récolte : "Normalement, on comptabilise entre 50 000 et 70 000 bouteilles à la fin des vendanges. Cette fois, je pense que nous serons aux alentours des 20 000."
Selon lui, gérant d’une entreprise familiale créée il y a quatre générations, il s’agit de l’été le plus chaud depuis 2003. Mais il reste optimiste, malgré cette diminution de production de moitié. Avec sa cinquantaine d’hectares et trois appellations (bandol, côte de provence et Vin de Pays), il devrait écouler 80% en vente directes, 10% dans des établissements, 5% en grande distribution, et 5% à l’export.