C’est une collaboration inattendue. Pour la deuxième année consécutive, le café aixois Mana a ouvert sa cuisine à Asieh, une cheffe syrienne réfugiée en France depuis 5 ans. Le temps d’une soirée, avec Alex, la co-gérante, elles ont élaboré un menu entre deux cultures. Sur l’ardoise, en première partie : feuille de vigne farcie aux légumes printaniers et tartelette d’oignon rouge confit. Pour le plat, c’est un sayadieh libanais qui a été mitonné. Du riz parfumé aux épices accompagné d’un maigre de Méditerranée, avant de conclure sur un dessert entre kanafeh, pâtisserie orientale à base de cheveux d'ange et cheesecake. Un diner anglo-syrien, car Alex et son compagnon Ben, les restaurateurs installés depuis 7 ans à Aix, sont d’origine anglaise.
Samedi 18 juin, à quatre mains, les deux femmes ont régalé 45 habitués des lieux, curieux de découvrir de nouvelles saveurs. Une rencontre a été rendue possible par le Refugee Food Festival. Depuis 2016, au départ de Paris et aujourd’hui dans la France entière, cet événement culinaire met en relation des chefs français et des femmes et hommes réfugiés, qui s’insèrent peu à peu dans la société grâce à la cuisine. L’objectif est de changer le regard sur les migrations forcées mais aussi de créer un partage entre ces personnes qui arrivent avec des richesses à transmettre et les chefs qui les accueillent. C’est le cas d’Asieh qui a fui la guerre avec son époux et ses trois filles. Installée à la Tour-d'Aigues dans le Vaucluse, elle s’est formée à la cuisine pendant 3 ans et a crée en mars dernier son propre service traiteur, « Chef oriental ». Une occasion unique de partager sa passion et faire découvrir aux Français les recettes transmises par sa mère.