Le second tour de l’élection présidentielle présentera la même affiche que celui de la précédente élection: les Français vont devoir choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le président sortant a gagné un million de voix depuis la précédente élection. Un tour de force ? « Emmanuel Macron sort en tête, analyse Nicolas Baverez, avocat et essayiste, avec un score qui peut paraître flatteur mais avec une très faible dynamique. Il porte un projet très peu exposé face à un pays profondément fracturé. Marine Le Pen améliore son score aussi, elle a une réserve de voix et une dynamique. »
C’est la première fois depuis 1974 que trois candidats dépassent la barre des 20%. Peut-on y lire la présence d’une France à deux vitesses, celle du centre et celle des extrêmes ? « Il faut aussi ajouter 25% d’abstentionnistes, explique Nicolas Baverez. Parmi eux, certains se sentent exclus du système. Il me semble donc qu’on ne peut pas complètement fusionner le vote Mélenchon et le vote Le Pen. On le voit bien avec la logique du vote utile, notamment concernant Jean-Luc Mélenchon. »
Notre invité ajoute: « On a l’impression que c’est presque joué mais la situation est très fluide et incertaine. Cela va supposer qu’Emmanuel Macron change beaucoup de choses dans sa manière de faire campagne, dans sa manière de répondre à un certain nombre d’attentes et de messages adressés avec beaucoup de force par les électeurs. Au second tour, Emmanuel Macron va devoir changer sa façon de faire campagne. Il faut d’abord prendre ce second tour au sérieux et, ensuite, les législatives se présenteront sous un jour extrêmement singulier puisque le PS et LR ont totalement volé en éclats. »
En remerciant ses électeurs, Emmanuel Macron a lancé une sorte d’appel à l’union nationale. Une démarche qui pourrait ressembler à l’esquisse d’une coalition à l’allemande ? « Avant ce premier tour, la logique de débauchage était plutôt individuelle, répond Nicolas Baverez. Emmanuel Macron va devoir changer sa pratique solitaire du pouvoir qui a abouti à une extrême centralisation et un manque d’ancrage politique (…) Au second tour, Emmanuel Macron va devoir changer sa façon de faire campagne. »
Concernant une possible victoire de Marine Le Pen, Nicolas Baverez précise: « Une victoire de Marine Le Pen serait un choc pour la France et pour l’Europe. »