Cachées à 70 m sous la ville. Treize jours après le début de l’invasion russe, de nombreuses familles ukrainiennes se pressent dans les couloirs des métros de Kiev, la capitale. Un espoir pour elles de se mettre à l’abri des frappes meurtrières dans ces stations conçues comme des abris anti-bombes pendant la guerre froide. Beaucoup d’hommes sont partis rejoindre l’armée ou les forces de défense territoriale, laissant les femmes s’adapter seules à cette nouvelle vie souterraine avec leurs enfants. Sous terre, les réfugiés tentent tant bien que mal de mener une vie normale. Assise sur un matelas de fortune, une jeune fille lit un livre. À quelques mètres de là, une autre exécute quelques pas de danse tandis que sa sœur aînée effectue ses exercices d’école sur un ordinateur. D’autres enfants jouent sur des portables. « J’explique aux enfants que tout ira bien, que leur père reviendra pour eux, mais ils comprennent que quelqu’un peut le tuer ou lui tirer dessus », témoigne Taria. La mère de famille confie se sentir soulagée que ses deux enfants ignorent à quel point ils ont été proches du danger, lorsque leur quartier a été bombardé quelques jours plus tôt. Le 1er mars, la tour de télévision de Kiev a été la cible de deux missiles lors d’une rare frappe dans le centre-ville. Cinq personnes ont été tuées, dont une famille de quatre personnes, avec deux adolescents. « Comment est-il possible de vivre de cette façon ? Pourquoi, pourquoi les personnes âgées et les enfants souffrent-ils ? », s’exclame une femme assise dans une rame de métro un peu plus loin. « Je maudirai Poutine pour le reste de ma vie », s’exclame-t-elle des sanglots dans la voix.