Des tirs de mitrailleuses résonnent dans les bâtiments abandonnés de Pripyat en Ukraine, dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, alors que les troupes de la Garde nationale ukrainienne effectuent des exercices de combat urbain. Cet entraînement à balles réelles, qui se déroule dans l'un des endroits les plus radioactifs de la planète, intervient alors que les craintes d'une éventuelle invasion russe s'intensifient. En effet, les Occidentaux accusent la Russie d'avoir déployé des dizaines de milliers de soldats depuis des mois aux frontières de l'Ukraine, y voyant le signe d'une opération militaire d'envergure à venir. Près de 30 000 militaires russes sont présents en Biélorussie, à 10 km au nord de Pripyat. La Russie, qui dément tout projet en ce sens, dit en retour se sentir menacée par l'Alliance atlantique et réclame pour faire baisser les tensions la fin de sa politique d'élargissement et son retrait d'Europe de l'Est. Une demande jugée inacceptable par les Européens et les Américains. Le gouvernement ukrainien a donc voulu envoyer un message au Kremlin. « Nous devons montrer que nous sommes prêts à réagir à tous les événements », a répliqué Denys Monastyrsky, ministre des Affaires Intérieures. Près de 7500 soldats ukrainiens ont donc été envoyés s’entraîner dans la zone d’exclusion. Pripyat est une ville fantôme depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Mais depuis quelques jours, elle est une zone militaire stratégique car elle est située à seulement 10 km de la frontière biélorusse. « Peu importe si c'est contaminé ou si personne n'y vit. C'est notre territoire, notre pays et nous devons le défendre », a expliqué le lieutenant-colonel, Yuri Shakhraichuk, au New York Times. Avant le début des entraînements, la zone a été vérifiée par des agents de décontamination pour mesurer le taux de radioactivité. En cas d’exposition trop élevée, les militaires sont remplacés afin d’éviter les risques de contamination.