PÊCHE - Un accident à l’origine des merlans bleus rejetés illégalement à la mer? C’est en tout cas ce qu’affirme ce vendredi 4 février, le ministère de la Mer suite aux images dévoilées par l’ONG Sea Shepherd.
“Sur ces images prises il y a quelques heures (dans la journée de ce jeudi, NDLR), plus de 100.000 merlans bleus morts non ciblés ont été rejetés à la mer par un seul de ces navires”, dénonçait ce jeudi 3 février l’ONG à propos de milliers de poissons morts retrouvés à 300 kilomètres au large de La Rochelle, dans le golfe de Gascogne.
Pointé du doigt par Sea Shepherd, le chalutier “monstre” Margiris est bien à l’origine de ce déversoir de merlans bleus, comme l’affirmait l’ONG. Annick Girardin, ministre de la Mer, a annoncé ce vendredi que ce chalutier ”s’est identifié de lui-même en bout de course. L’armateur a reconnu un accident à bord, c’est un filet qui a lâché”. Un accident durant la navigation qui a aussi été signalé dans le journal de bord, selon la ministre.
L’association européenne des chalutiers congélateurs pélagiques (PFA) avait déjà déclaré ce jeudi dans un communiqué que le Margiris, accessoirement le deuxième plus grand chalutier du monde, “avait signalé aux autorités compétentes un incident de pêche au large de La Rochelle”, qui a eu lieu à 6h50, heure française. L’incident a été signalé aux autorités du pays d’immatriculation du navire, la Lituanie.“Fait rarissime, le chalut contenant des merlans bleus - une espèce soumise à quotas - s’est brisé accidentellement, relâchant ainsi de manière involontaire des poissons en mer”, peut-on lire sur ce communiqué diffusé dans la soirée de jeudi.
Controverse autour de ces “chalutiers-usines”
Malgré les justifications fournies par le chalutier et la PFA, la ministre française a quand même “demandé une enquête administrative” ce vendredi 4 février pour éclaircir les raisons de ce rejet important de poissons, destiné à l’origine à produire du surimi, selon SeaShepard.
“Si une infraction devait être avérée, des sanctions seraient prises vis-à-vis de l’armateur responsable qui sera identifié”, a-t-elle ajouté. La veille, Annick Girardin avait dénoncé ces images choquantes sur Twitter.
Cet événement relance le débat autour de ces super chalutiers considérés par beaucoup comme des “monstres” marins. Certains sont d’ailleurs bannis dans de nombreux pays pour leur impact très nocifs sur les écosystèmes marins, en plus de la surpêche qu’ils occasionnent.
À titre d’exemple, le Margiris pèse quelque 6200 tonnes et mesure pas moins de 143 mètres de long. L’équivalent de 14 navires de pêche alignés les uns derrière les autres, et peut ainsi pêcher et stocker 250 tonnes de poissons en une journée.