"Le traitement des élèves handicapés est à pleurer" : les accompagnants hurlent leur colère

L'Humanité 2021-10-19

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Avec une grève, des rassemblements à Paris et dans de nombreuses villes de France, les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) se sont mobilisés ce mardi pour protester contre leur précarité et la dégradation de leurs conditions de travail. Reportage.

"Du fric, des postes, un statut!", "AESH en colère", ont scandé plusieurs centaines de manifestants à Paris, rassemblés à l'appel d'une intersyndicale FSU, CGT, FO, Sud, SNALC et SNLC.
"Je touche à peine 700 euros par mois. Est-ce que ça vous parait normal ? On a beaucoup de responsabilité et on aime notre métier mais à un moment, ça suffit", s'insurge Fatima, AESH à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.

"Quand on n'est pas soi même confronté au fait d'avoir un enfant en situation de handicap, on n'a pas idée à quel point ces femmes et ces hommes sont précieux." souligne le député LFI Adien Quatennens, venu soutenir les AESH.

Salaires insuffisants, temps partiels imposés, absence de statut de la fonction publique, manque de formation, conditions de travail dégradées...: la liste des motifs d'insatisfaction est longue pour ces accompagnants d'enfants handicapés, anciennement appelés auxiliaires de vie scolaire (AVS), une profession largement féminine.

Les AESH étaient 125.500 à la rentrée, soit une augmentation de 35% en cinq ans, selon le ministère de l'Education, tandis que plus de 400.000 élèves en situation de handicap étaient scolarisés dans les écoles et établissements.
Le ministère a mis en place une grille indiciaire rénovée pour leurs rémunérations, mais "largement insuffisante" selon les syndicats. Il a aussi annoncé la création de 4.000 nouveaux emplois d'AESH pour la rentrée 2022, mais là aussi jugée bien en-deçà des besoins.

Les AESH sont par ailleurs unanimes pour dénoncer une dégradation de leurs conditions de travail avec la création des PIAL, ces Pôles inclusifs d'accompagnement localisés mis en place en 2019 et généralisés depuis pour mieux coordonner leurs interventions, mais qui leur imposent de suivre souvent davantage d'élèves et de parcourir plusieurs établissements.

"On m'a informée par lettre que je pourrais être envoyée sur sept établissements différents", raconte de son côté Clarisse Poussin. "Je ne dors plus, il y a beaucoup de souffrance, de notre côté comme de celui des enfants".
"Avec la mutualisation, des enfants peuvent avoir jusqu'à trois AESH différentes par semaine. Elles ne connaissent même pas leur prénom ou leur handicap. Les enfants sont complètement perdus. C'est grave", renchérit Nassira Younsi, depuis douze ans en Seine-Saint-Denis.

"Seize ans après la loi de 2005 sur l'inclusion, on ne peut pas être à ce niveau de médiocrité pour l'accompagnement de ces élèves" résume Virginie Schmidt, AESH en collège en Lorraine et représentante CGT. "C'est vraiment tout le système qui part à la dérive".

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