La ville la plus pauvre de France est également celle qui a le meilleur maire du monde. Philippe Rio, maire communiste de Grigny dans l’Essonne,
a été sacré meilleur édile de la Terre par la City Mayors Fondation mi-septembre, devant une trentaine de candidats de tous continents. Une « victoire
pour les banlieues », réagit fièrement l’élu.
Ce titre récompense son combat contre la précarité et le coronavirus. Dans cette commune durement touchée par la crise sanitaire, où près d’une personne sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté, Philippe Rio a fait de la lutte contre la misère son cheval de bataille. Petits-déjeuners gratuits dans les maternelles, ouvertures de nouvelles classes, lutte contre la précarité menstruelle : l’année dernière, l’édile a soumis une vingtaine
de propositions au gouvernement ; une quinzaine de mesures sont actuellement lancées. « Ils ont fait pas mal de choses, que ce soit pour servir des repas aux personnes âgées, au niveau des tests et de la vaccination », reconnaît une habitante de Grigny.
Mais pour d’autres, son action reste insuffisante. « Sur les bases de quels critères a-t-il été élu ? » , s’agace une jeune mère, son fils à la main. « La ville est très sale, il y a trop de voleurs », énumère-t-elle. « Meilleur maire du monde ou pas, la ville, elle est là,
on voit ce qu’il y a », approuve un autre habitant, adossé contre le mur délabré d’un bâtiment du quartier Grigny II. « Il n’y a rien, il n’y a pas d’argent, les gens sont dans la galère. Et les jeunes ne s’en sortent pas. Ils sont là, bloqués en bas, devant les bâtiments. »