Elle se creuse depuis des millions d’années. La grotte de Son Doong, la plus grande du monde, s’élève par endroits à 200 mètres de haut, soit l’équivalent de gratte-ciel de quarante étages. Depuis huit ans, elle est ouverte au public. Pour la préserver, seule une agence de voyages, Oxalis, est autorisée à la faire visiter, un bon moyen de limiter le nombre de touristes. Ils ne sont que quelques centaines à pouvoir y pénétrer chaque année, pour un prix allant de 50 euros la visite, à 2 500 euros les quatre jours d’exploration. Mais cet écosystème unique est aujourd’hui menacé. Un projet de téléphérique vers Son Doong a été abandonné, mais un autre pour se rendre à une grotte située à 3,5 kilomètres est toujours à l’étude. Cela provoquera “un changement radical dans la nature des offres touristiques proposées (...) et aura certainement des impacts irréversibles sur l’environnement en grande partie vierge” du site, averti l’UNESCO. De plus, en raison de la pandémie de Covid-19, les touristes étrangers ont déserté le Vietnam. Leur nombre a chuté de près 80% en 2020 par rapport à 2019, année où ils avaient été 18 millions, un record. Pour les faire revenir, le pays pourrait y développer des infrastructures, s’inquiètent des experts.
Les autorités ont mis en place « de très bonnes politiques de protection, mais souvent ils les ignorent » et n’en tiennent pas compte dans la réalité, relève Peter Burns, un consultant qui a travaillé sur un projet de tourisme durable au Vietnam. Des projets touristiques qui nuiraient également aux 500 locaux - guides, porteurs, propriétaires de petits logements – qui vivent grâce à Son Doong.