Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi à l'appel notamment des syndicats de journalistes contre le texte pénalisant la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre, adopté la veille par l'Assemblée nationale, jugé attentatoire à "la liberté d'expression" et à "l'Etat de droit". La première et la principale d'une vingtaine de manifestations prévues en France a débuté au Trocadéro à Paris en début d'après-midi, au milieu d'un important dispositif policier.
Sur la place noire de monde, dont nombre de +gilets jaunes+, flottent des drapeaux du PCF, d'EELV, de FO, du NPA, une banderole d'"Extinction rébellion" et une autre de Médiapart: "La démocratie meurt dans l'obscurité". "Darmacron nous insécurisent", peut-on lire sur une pancarte.
Parmi les slogans repris en boucle : "Tout le monde veut filmer la police " et "la rue elle est à nous." L'Assemblée nationale a voté vendredi soir, après l'avoir amendée, la mesure la plus controversée de la proposition de loi "sécurité globale": l'article 24 pénalisant la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre, tout en l'assortissant de garanties sur le "droit d'informer".
Cet article, mais aussi la possible utilisation de drônes lors des manifestations et la crainte de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, ont suscisté une intense émotion dans les médias, qui y voient un risque d'entrave à la liberté d'informer. Un manifestant du Trocadéro, Manuel Furtado, est "outré": "On nous dit qu'il faut limiter nos libertés pour le bien de tous mais là ça va trop loin". "On bascule dans quelque chose qui n'est pas totalement la démocratie", s'inquiète une autre manifestante, Martine Wattoux, gilet jaune sur le dos.