· Comment pourrait-on définir l’électorat de Biden, puis de Trump ?

Ce sont vraiment deux Amériques, qui d’ailleurs s’ignorent, ne se parlent plus, ne se comprennent pas. Lorsqu’on regarde les différentes catégories de la population – et comme vous le savez aux États-Unis, ce sont aussi des catégories ethniques –, vous avez un électorat de Trump qui est un électorat fondamentalement masculin et blanc. C’est la première caractéristique, c’est-à-dire que chez les hommes Trump l’emporte de l’ordre de 60 % par rapport à 40 % pour Biden. C’est un électorat où le niveau d’éducation est bas. Biden l’emporte très nettement chez les femmes. L’homme blanc sans éducation vote à 75 % pour Trump alors que l’homme blanc qui a une éducation universitaire vote en majorité pour Biden. C’est d’ailleurs une des raisons des erreurs des sondeurs parce que les échantillons de sondage ne tenaient pas compte du niveau de l’éducation, et donc, ont sous-estimé l’électorat de Trump en 2016.

· Quelle est l’importance des minorités dans ce scrutin ?

Ensuite, vous avez aussi une différence, évidemment une différence en ce qui concerne les minorités. Les Afro-Américains votent à plus de 80-85 % pour le candidat démocrate, et ce n’est certainement pas Trump qui va changer les choses, en particulier après ce qu’il s’est passé avec la mort de George Floyd. Vous avez le cas plus difficile des latinos. Ils votent démocrate en majorité, mais ils ne votent pas beaucoup. Car, comme vous le savez, aux États-Unis, il y a aussi le problème de l’abstention. Pour une élection présidentielle, les Américains votent à peu près à 60-65 %. Avec une abstention qui n’est pas répartie dans l’ensemble du pays. C’est-à-dire : l’homme blanc vote beaucoup pendant que le Latino, lui, vote assez peu. Les latinos votent à 40-45 %. C’est une catégorie qui est importante, d’abord, parce qu’elle croît, de manière très rapide. Mais c’est aussi une catégorie qui potentiellement pourrait voter républicain. Parce que les latinos sont très religieux et ils sont assez conservateurs, que ce soit en économie ou que ce soit dans les sujets de société. Vous savez, lorsqu’on immigre aux États-Unis, on n’immigre pas pour l’État providence. D’abord, parce qu’il n’y a pas d’État providence américain, on y va pour travailler. Et donc les latinos qui arrivent, ou les autres immigrés d’ailleurs, ils veulent qu’on les laisse travailler et ils ne tiennent pas tellement à payer d’impôts. Et donc ces gens-là potentiellement pourraient être républicains, mais ils ne peuvent pas l’être, à cause de la politique d’immigration très restrictive suivie par les républicains. Donc, les démocrates : les minorités, les jeunes, naturellement, et cela reste le socle de Joe Biden avec évidemment la question, si les jeunes vont voter pour quelqu’un qui a 78 ans.

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