Stéphane François est chercheur au CNRS, spécialiste de l’extrême droite et de l’idéologie nazie. Dès 2012, il publie un ouvrage pour critiquer la dangerosité de certains discours écologiques.
Retrouvez le hors-série du Point sur l'écologie : https://bit.ly/2NcCdw0
« L’écologie en 2010-2020, c’est le marxisme des années 50 à 70 : on ne peut pas critiquer. Si on critique, on est un mauvais écologiste, on est aussitôt disqualifié. C’est une idéologie qui va devenir dominante. La preuve : quasiment tous les partis politiques aujourd’hui ont un volet écologique. »
Pourquoi dites-vous que l’écologie est réactionnaire ?
Réactionnaire dans le sens où c’est un conservatisme. C’est l’idée qu’il faut faire une révolution en sens inverse. Les écologistes considèrent que l’idéologie du progrès est à l’origine de nos malheurs. C’est-à-dire, la croissance à tout-va, le développement techno-industriel, la techno-croissance, c’est du productivisme, donc, on détruit sans réfléchir aux conséquences sur la nature. Pensez au refus des OGM : « On n’a pas le droit de manipuler la nature. » Par extension, pour les plus radicaux, c’est aussi le refus de manipuler le corps humain : donc, la PMA, la GPA, mais aussi la pilule.
Comment l’extrême droite a-t-elle favorisé l’écologie en Allemagne ?
On a, par exemple, d’anciens SS qui ont été parmi les membres fondateurs des Grünen (les Verts). Les premières lois vraiment à tendance écologiste en Allemagne venaient de la mouvance Folkish, c’est-à-dire nationale-populiste – dont le parti nazi est originaire, les nazis viennent des Folkish –, et ça date quasiment de la fin du XIXe, début XXe. L’Allemagne est un pays qui est passé d’État médiéval archaïque à État industriel et quasiment première puissance industrielle européenne en quasiment 20 ans. Donc, cette violence de l’urbanisation et de l’industrialisation à outrance a favorisé l’émergence de ces considérations écologiques.