Cinq ans de prison, dont deux fermes, et dix ans d'inéligibilité pour François Fillon, ainsi que trois ans avec sursis pour son épouse Penelope et 375 000 euros d'amende. C'est ce que le Parquet national financier (PNF) a requis contre les époux Fillon lors de leur procès pour les soupçons d'emplois fictifs, lors d'un réquisitoire qui aura duré plusieurs heures. Les magistrats ont requis contre le maire de Sablé-sur-Sarthe Marc Joulaud, ancien suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale, deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende. Le procureur Aurélien Létocart a longuement égrené ce qui constitue pour le Parquet national financier les preuves du « caractère fictif et artificiel » des activités de Penelope Fillon : les soupçons de détournement de fonds publics entourant ses emplois de collaboratrice parlementaire. Un travail tellement « impalpable, désincarné » que Penelope Fillon ne prenait ni congés maternité ni congés payés, qu'« aucune trace » n'a été retrouvée des mémos et fiches qu'elle était censée préparer pour son mari et qu'elle est « incapable » d'en donner des exemples précis. « Attribuer un caractère professionnel à la moindre de ses activités, même les plus anodines comme rapporter du courrier ou discuter avec des gens en faisant ses courses relève de la mauvaise foi », a tancé le procureur. Son rôle ? Celui de « conjointe d'un homme politique d'envergure nationale, le seul à l'époque dans la Sarthe ». Une femme dont « l'investissement social et culturel évident » ne saurait, selon le PNF, constituer un emploi d'assistant parlementaire. Le second procureur, Bruno Nataf, s'est quant à lui employé à démontrer le caractère « totalement fictif » du tout aussi discret emploi de « conseiller littéraire » de Mme Fillon à « La Revue des Deux Mondes » du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, qui a plaidé coupable d'abus de biens sociaux.