De lui, que retiendra-t-on d’abord ? Ses cigares, qui embaumaient sa personne et enfumaient son petit bureau du Sénat et d’ailleurs ; ses bretelles, qui enrobaient sa bedaine de bon vivant. Son goût pour la pêche, qu’il pratiquait dès que possible dans les rivières entourant Puy-Guillaume, ville auvergnate dont il fut maire dès 1977. Son coup de fourchette, qu’il abattait sur la cochonnaille ; son amour des copains, des grandes tablées, du vin ; ses coups de gueule, sa gouaille, ses petits yeux ronds et vifs. Sa personnalité hors norme dans le monde policé de la politique. Avec Michel Charasse, mort ce vendredi 21 février à l’âge de 78 ans, selon France Bleu, disparaît une figure d’un autre temps, fracassante et tonitruante, un peu à l’image de Georges Frêche ou de Charles Pasqua, son adversaire politique, mais son ami. Michel Charasse, c’est évidemment Mitterrand. Celui qui se surnommait lui-même « le mamelouk » résumait sa relation avec l’ancien chef de l’État d’une formule lapidaire et éclairante : « S’il me demande de flinguer, je flingue. » Michel Charasse entre dans le palais présidentiel avec Mitterrand en 1981, après avoir travaillé aux côtés de Gaston Defferre au groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Diplômé de Sciences Po et juriste, Charasse exerce d’abord au secrétariat général de l’Élysée avant d’être bombardé conseiller. À Bercy, Charasse exerce sa fonction comme il vit. Il passe pour être l’homme le mieux informé de Paris, et François Mitterrand raffole des bruits de la capitale et du pays que l’Auvergnat, sorte de Coluche en costume trois-pièces, lui rapporte.