Coronavirus : le docteur Li, martyr de la liberté

Le Point Abonnés 2020-02-07

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Le Parti communiste chinois croyait être maître de la vérité. La mort du docteur Li Wenliang, dans la nuit du 6 au 7 février, sonne le glas de cette velléité totalitaire. Une semaine plus tôt, ce médecin de Wuhan avait révélé sur le réseau social Weibo être l'un des huit médecins arrêtés le 1er janvier pour avoir « répandu des rumeurs », alors qu'il n'avait fait que prévenir des collègues de l'existence du nouveau coronavirus 2019-nCoV. Cet ophtalmologue de 33 ans, qui postait des selfies depuis son lit d'hôpital, avait été lui-même infecté. Son témoignage en a fait un héros. Son décès en fait un martyr, soulevant une vague sans précédent d'hommages mais aussi et surtout d'indignation et de critiques contre le PCC. Son visage couvert par un masque est devenu une icône, tandis que la censure s'est révélée incapable d'endiguer les innombrables messages politiques qui ont accompagné l'annonce de sa mort – vus près de 1,5 milliard de fois sur Weibo. Comme prémonitoire de sa destinée, un texte qu'il avait partagé sur son compte Weibo en 2012 a été relayé des centaines de milliers de fois : « Mes amis, à partir d'aujourd'hui, vous ne serez peut-être plus en mesure de me contacter, parce que je vais sauver le monde. Si le soleil se lève encore demain, cela signifie que j'aurai réussi. Ne me remerciez pas, je ne fais que mon devoir. » Pour beaucoup de Chinois, son histoire est une démonstration implacable des failles du système autoritaire, de son incapacité à gérer rationnellement la crise sanitaire et surtout de son affaiblissement sans précédent au cours de cette épidémie. Tout a commencé le 30 décembre, quand ce praticien de l'hôpital central de Wuhan avertit sur un groupe de discussion WeChat les anciens de sa faculté de médecine de la mise en salle d'isolement de sept patients ayant contracté une pneumonie mystérieuse, liée à un marché de la ville. Il ne s'agissait alors ni d'une alerte publique ni d'une révélation anonyme fracassante dans les médias. Mais cette information contredisait la version officielle en émettant l'hypothèse qu'il s'agissait d'un nouveau virus proche du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère). Le lendemain, le 31 décembre, les autorités sanitaires de Wuhan annonçaient lors d'une conférence de presse l'existence de 27 cas d'une maladie inconnue, tout en assurant que la transmission entre êtres humains était exclue, traitant l'affaire comme une sorte d'infection alimentaire.

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