Le grand cafouillage sur le retrait militaire américain de Syrie est un énième épisode de la gouvernance erratique du président américain. À chaque fois, c’est le même scénario : annonce surprise et tonitruante du Président ; branle-bas de combat de son administration pour en limiter l’impact. Sauf que cette fois, les conséquences sont lourdes : les États-Unis ont réussi à mécontenter tous leurs alliés : Turquie, Kurdes syriens, partenaires occidentaux au sein de l’Otan.
Dimanche 6 octobre au soir, Donald Trump annonce qu’il retire ses soldats de la frontière turco-syrienne et qu’il donne son feu vert à son allié turc pour entrer en Syrie et agir contre les Kurdes syriens, autres alliés des États-Unis.
Le lundi 7 octobre au matin, le président américain enfonce le clou par un tweet dans lequel il annonce qu’il « est temps de sortir de ces guerres ridicules […] et de ramener nos soldats à la maison ». Le lundi soir, les responsables américains annoncent que le retrait, ne concerne en fait que 50 à 100 membres des forces spéciales qui sont « redéployés vers d’autres bases à l’intérieur de la Syrie », et en aucun cas d’un « retrait » généralisé.
’obsession de Trump
Comment expliquer cette brutale volte-face ? Tout simplement par Donald Trump. Le Président américain est obsédé par le rapatriement des soldats américains déployés à l’étranger, en particulier en Afghanistan, la plus longue guerre américaine qui dure depuis 2001. Il a fait du retour des boys une promesse phare de sa campagne de 2016 et un marqueur politique par rapport à ses prédécesseurs, républicains ou démocrates, qui ont lancé ou poursuivi ces « guerres inutiles ».
Dès son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2017, Donald Trump fait de l’évacuation des Américains une obsession, au mépris de toute logique politique, diplomatique ou militaire.
Dans son ouvrage « Peur », qui conte la première année de la présidence Trump, le journaliste Bob Woodward, ancien « héros du Watergate », raconte dans le détail comment ministres et conseillers se démènent pour faire disparaître « un ordre exécutif » de retrait du Président. Ou comment ils pressent les hommes qui ont l’oreille de Trump d’expliquer au Président qu’on ne quitte pas un théâtre d’opérations militaire sur un coup de tête sans mettre en péril la sécurité des États-Unis en général et celles des soldats sur le terrain.