C’est inédit depuis 20 ans : tous corps, tous grades confondus, les policiers défilent aujourd’hui à Paris pour dire leur ras-le-bol sur leur surmobilisation, sur l’inquiétante hausse des suicides, et aussi sur leurs craintes quant à la réforme des retraites.
Depuis un an, Christophe Castaner a tâché d’apaiser cette colère policière. C’est un choix assumé par le ministre qui dit aimer la police.
D’abord sur les conditions de travail. Rappelez-vous, en décembre 2018, le ministre de l’Intérieur redoute que la police « lâche » face aux Gilets jaunes. Un bras de fer avec les syndicats débouche sur un accord de revalorisation salariale. Les policiers saluent une « reconnaissance matérielle ».
Ensuite, une reconnaissance symbolique. Christophe Castaner défend avec constance la maison police prise dans la crise des Gilets jaunes sur l’usage du LBD40, dans l’affaire des médailles accordées à des policiers soupçonnés de faits de violence, ou encore dans l’affaire du décès de Steve Maia Caniço.
Sauf que… ça ne suffit pas. « On ne veut pas de mots, on veut des preuves d’amour » lui rétorquent aujourd’hui les syndicats.
Ils réclament une vraie politique sociale de prévention de la détresse, une réponse pénale plus dissuasive (en clair, une justice plus répressive), une loi d’orientation et de programmation ambitieuse pour mettre à niveau le matériel vétuste, et la défense du système de bonification de leurs retraites.
Castaner a promis qu’il défendrait « jusqu’au bout » la spécificité du statut des policiers, tout en affirmant qu’il y aurait bien « une modification de ce régime comme pour tous les Français » avec « prise en compte de la dangerosité de leur métier de policier ». Comme le reste de l’exécutif face aux réformes, le voilà lui aussi, sur le fil du rasoir.