Au bord d’une autoroute abandonnée depuis plusieurs d’années, une famille a élu domicile. Aux premières images du film, dans la nuit tombée, parents et enfants jouent au hockey sur la route déserte qu’ils se sont appropriée. La caméra, virevoltante de l’un à l’autre, est dans la mêlée des corps, dans les heurts et les caresses, à fleur de peau. En filmant les allées et venues de chacun, les mouvements chorégraphiés les uns par rapport aux autres et la répétition du quotidien, Home capte le ballet bien rodé d’une famille où chacun « entre dans la danse, saute, embrasse qui il veut »,
un ballet qui déploie dans l’espace le territoire intime d’un groupe, et saisit ce qui fait corps, justement, entre ces individus. Le film donne à voir ainsi l’organisation tacite d’une famille qu’elle saisit comme un seul et même organisme. Et dans la salle de bain, lieu emblématique s’il en est d’une manière de vivre l’intimité à plusieurs, où l’on revient sans cesse, les frontières entre les individus s’estompent dans la proximité au profit de l’esprit familial. Dans Home, tout le monde patauge dans le même bain (au sens propre comme au figuré).
Dans ce joyeux bordel maintenu à l’écart par la route déserte, en dehors des sentiers battus, où la piscine en plastique et le barbecue trônent sur le macadam et où les doubles voies servent de piste de hockey ou de rollers, tout est mise en partage. Ou presque. Car ça résiste un peu, quand même, là parce qu’une jeune fille refuse de se mettre en maillot de bain. Ici, parce qu’une autre est toujours à demi nue et qu’elle écoute la musique si fort qu’elle n’entend rien. Le troisième, plus petit,caressé, balloté et tiré par les uns et les autres n’a pour le moment pas de questions. Chacun ses défenses donc, comme il peut.
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