Sous les yeux d'une salle interloquée, des "gilets jaunes" ont fait irruption lundi soir sur scène au début de la cérémonie des Molières, dénonçant les coupes budgétaires pour la culture. La soirée, qui décerne les prix les plus prestigieux du théâtre français, s'est déroulée aux Folies Bergère, à Paris, et était diffusée en différé en deuxième partie de soirée sur France 2, mais sans cette interruption surprise, la chaîne l'ayant coupée au montage.
Faisant irruption des coulisses, une vingtaine de "gilets jaunes" et intermittents ont débarqué sur scène et interrompu le maître de cérémonie Alex Vizorek, s'adressant au ministre de la Culture présent, Franck Riester. "Le Molière du déshonneur incontestablement et à l'unanimité du jury, il revient à M. Macron et son gouvernement. M. Franck Riester, nous vous remettons le Molière du déshonneur parce que vous participez à cette grande fête et en même temps, vous coupez partout dans le budget de la culture", a déclaré un des manifestants.
"Techniciennes, techniciens et artistes présents ce soir, ne nous regardez pas, rejoignez-nous, le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple", a lancé une autre manifestante.
Des applaudissements ont fusé dans la salle à plusieurs reprises et l'humoriste Blanche Gardin notamment s'est levée pour les applaudir. Ces "gilets jaunes", qui portaient une banderole sur laquelle était écrit "droits au chômage pour tout.es", sont sortis en traversant la salle et en scandant des slogans hostiles au président Macron.
France 2 a indiqué que cette séquence ne serait pas diffusée, par souci de "maîtrise de l'antenne". "Les intermittents ont agi sans autorisation. Ils ont pu s'exprimer devant le ministre de la Culture mais ils ont pris en otage l'antenne", a indiqué une porte-parole de la chaîne à l'AFP.
Début mai, des comédiennes comme Juliette Binoche ou Emmanuelle Béart, des écrivains comme Édouard Louis ou Annie Ernaux ainsi que 1.400 autres acteurs du monde de la culture ont apporté leur soutien au mouvement des "gilets jaunes", dans une tribune intitulée "Gilets jaunes: Nous ne sommes pas dupes!".