Un fournisseur de Lidl comparaissait mardi en appel à Douai (Nord) pour avoir livré des steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli en 2011. Plusieurs enfants avaient été contaminés, et l'un d'eux souffre de lourdes séquelles. Le tribunal a requis deux ans de prison ferme contre le chef d'entreprise.
Trois ans de prison dont deux ans ferme ont été requis en appel mardi à Douai à l'encontre du fournisseur de Lidl mis en cause dans le scandale des steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli en 2011.
L'arrêt sera rendu le 26 février.
Guy Lamorlette, 78 ans, à la tête de la société SEB-Cerf basée à Saint-Dizier (Haute-Marne) depuis sa création, avait accusé lundi son ex-responsable qualité, Laurent Appéré - qui s'est suicidé quelques jours avant le jugement en première instance, en juin 2017 - d'être responsable des failles sanitaires ayant causé contamination de seize enfants par la bactérie E.coli 0157H7.
L'un d'entre eux, Nolan, est paralysé à vie et handicapé mental.
La défense plaide la bonne foi
« La sécurité sanitaire des denrées alimentaires incombe d'abord au chef d'entreprise qui les produit », a cependant insisté l'avocat général Bernard Beffy, précisant que c'était Guy Lamorlette qui était jugé à cette audience. « M. Appéré ayant l'avantage d'être mort, on peut lui coller beaucoup de choses sur le dos sans qu'il puisse se défendre », a-t-il ajouté.
L'avocat de Guy Lamorlette, Arnaud Vauthier, a expliqué que son client, à la tête d'une « entreprise familiale où la confiance joue pour beaucoup », avait placé en Laurent Appéré une « confiance aveugle » qu'il n'avait pas souhaité lui retirer lors du premier procès.
Plaidant la relaxe, il a insisté sur la bonne foi du prévenu : « si M. Lamorlette était sûr qu'il y avait un risque potentiel dans ces boites de steaks, il ne les aurait pas mises en vente. »
Cuisson à 65°C
Le fait que les parents n'aient pas respecté la cuisson à 65°C recommandée sur les boîtes de steaks pour éliminer tous les germes, a également été avancé pour dédouaner Guy Lamorlette de sa responsabilité.
Dans la matinée, les dix avocats des parties civiles ont également demandé la reconduction de la peine prononcée en première instance en juin 2017, soit, en plus de la peine de deux ans ferme d'emprisonnement, 50 000 euros d'amende, plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts pour de nombreuses familles de victimes et à une interdiction d'exercer dans le secteur industriel et commercial.
En juin 2011, une quinzaine d'enfants avaient développé, après avoir mangé des steaks hachés achetés chez Lidl, des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) qui ont laissé d'importantes séquelles.