La justice espagnole a rouvert une enquête sur la greffe du foie subie en 2012 par l'ex-joueur français Eric Abidal, actuel directeur sportif du FC Barcelone, confirmant l'existence de nouveaux indices pointant un possible trafic d'organe, selon la décision rendue mercredi.
Dans cette décision, des magistrats de l'Audience provinciale de Barcelone estiment « accréditée l'existence de nouveaux indices à l'encontre » des personnes ciblées par l'enquête.
« Il convient de rouvrir les procédures et de révoquer les résolutions » allant dans le sens d'un classement de l'affaire, ajoutent les juges, saisis par le parquet et l'avocat de l'Etat espagnol après la décision de non-lieu prise en octobre par une juge d'instruction.
A l'époque, cette magistrate avait allégué « l'absence de preuves, s'agissant de simples conjectures et soupçons » et l'impossibilité légale de pratiquer des examens sur la personne du donneur du foie, un cousin d'Eric Abidal.
La justice avait déjà enquêté pendant un an sur un éventuel délit de trafic d'organe dans cette affaire avant de la classer. Eric Abidal (39 ans), à l'époque défenseur du Barça et de l'équipe de France, avait subi il y a sept ans à Barcelone une greffe pour soigner un cancer du foie, ce qui l'avait éloigné des terrains pendant un an.
Anomalies
Abidal avait fait valoir que son cousin Gérard Armand, domicilié en France, était le donneur. Ce dernier avait assuré n'avoir rien touché, « pas un centime », en échange. Mais la réouverture de l'enquête avait été réclamée après la publication par le média El Confidencial d'enregistrements de l'ex-président du Barça, Sandro Rosell, laissant penser que le club aurait acheté - illégalement - un foie pour son ancien joueur.
Le parquet de Barcelone a alors demandé que M. Armand soit soumis à des examens pour prouver qu'il avait effectivement donné une partie de son foie. Une demande rejetée en octobre par la juge d'instruction, estimant impossible de l'obliger à se soumettre à un examen médical en vertu de la législation française qui ne poursuit pas le « vendeur » d'organe.
Les magistrats de l'Audience provinciale de Barcelone ont pour leur part relevé de possibles anomalies dans la procédure de don d'organe, pointant l'absence de document d'identité du donneur dans le dossier médical et des « irrégularités présumées » dans l'acte de consentement signé par les parties.
Ce qui, à leurs yeux, constitue « des indices suffisants de la commission présumée du délit au coeur de l'enquête » et justifie la poursuite des investigations, comme par exemple la convocation comme témoin de Gérard Armand. Le Barça, Eric Abidal, Sandro Rosell et l'organisation espagnole chargée du don d'organes (ONT) ont toujours démenti tout délit.