Thomas Coville est un marin et un être humain d’exception. S’il chasse souvent les records de vitesse sur l’eau en solitaire, il aime par-dessus tout les efforts collectifs. En sport comme dans la vie. Dans un podcast où il se confie, le Breton laisse son âme se faire porter par les vagues. Un homme à la terre.
De passage aux Assises nationales de la citoyenneté à Rennes, Thomas Coville a pu parler d’un thème qui le nourrit : le vivre ensemble. Car s’il voyage souvent en solitaire, le navigateur est dans le partage. De ses expériences, de ses échecs, de ses doutes… Il n’élude rien. Comme s’il avait un devoir de transmettre.
L’enfant qui voulait vivre ses rêves a trouvé sa voie. "Le petit garçon va bien, concède-t-il dans un entretien audio à retrouver sur le Mur des sons d’Ouest-France. Tous les jours qui passent, je vois la chance d’avoir pu choisir la vie qui passe. Même si tout n’a pas été facile. J’ai été un enfant, un adolescent très torturé et je n’en suis pas encore sorti tous les jours. Ce que j’ai essayé de faire, dans un petit livre avec Jacques Gamblin, c’est ce témoignage-là. Je reste d’un enthousiasme profond et je me dis que j’ai beaucoup de chance."Thomas Coville essaye toujours de répondre à cette question : "En quoi je suis singulier et différent sur cette planète ? Qu’est-ce qui va relier l’homme que je suis aujourd’hui à celui que je serai demain. C’est la question la plus difficile. On est tous chimiquement, physiquement, mentalement différent."
Le navigateur s’accepte aujourd’hui avec "ses défauts. J’étais obnubilé par ces derniers pendant très longtemps. Je voulais tous les travailler… J’ai beaucoup échoué avant de réussir. J’ai fini par accepter par les accidents heureux. Je suis un disciple de Michel Serres qui nous ouvre les yeux sur ce qui est une opportunité tous les jours."
Le détenteur du record du tour du monde en solitaire confie son besoin viscéral de reprendre la mer assez vite. "Il faut se pousser dans ses retranchements. Sur l’eau, il y a une notion de création avec cette peur de ne pas être à la hauteur, de se rater. Il y a de nombreux du monde où je suis rentré moche, laid, triste, noir et nauséeux. Et il faut vivre avec ça."
Dans ce podcast, Thomas Coville s’attarde sur ses sensations quand il est en mer, la forme de mal-être qu’il ressent une fois à terre. Son rapport à la nature. "Je souffre de solitude à terre, jamais en mer." Il évoque les rencontres, sa famille, son rapport à la douleur.