L’avocat général a requis 20 ans de réclusion criminelle ce vendredi à Vesoul contre Christophe Blind, 49 ans, jugé aux assises pour l’assassinat un quart de siècle plus tôt de Stéphane Dieterich, un étudiant belfortain.
« Pendant 20 ans, Christophe Blind a vécu sa vie. Il a bénéficié d’une forme d’impunité totale alors qu’il a assassiné un homme. C’est cette impunité que je vous demande de briser ». Ainsi l’avocat général Frédéric Lutz s’est-il adressé aux jurés des assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, qui siège à Vesoul. Il a requis 20 ans de réclusion criminelle ce vendredi 18 janvier contre Christophe Blind, 49 ans, jugé pour l’assassinat - 25 ans plus tôt - de Stéphane Dieterich, un étudiant belfortain.
Dénonçant « l’absence de sincérité de l’accusé », Claire Doubliez, l’avocate de la mère et du frère de la victime, parties civiles, a regretté que Christophe Blind n’ait « pas eu un mot […] à leur endroit » tout au long de ce procès qui s’est ouvert lundi.
Onze coups de couteau
Stéphane Dieterich, âgé de 24 ans au moment des faits, avait été tué dans la nuit du 4 au 5 juillet 1994. Son corps, lardé de onze coups de couteau, avait été retrouvé dans un bois, à Essert, une commune voisine de Belfort.
À l’époque, Christophe Blind avait été placé en garde de vue, figurant parmi les nombreuses pistes explorées par les enquêteurs. Le jeune homme, qui apparaissait comme l’une des dernières personnes à avoir vu la victime vivante, avait toutefois été mis hors de cause par une ordonnance de non-lieu rendue en octobre 2001.
La famille avait fait appel de cette décision, qui avait été définitivement confirmée en 2003 par la Cour de cassation.
Des scellés non exploités analysés
Mais en 2013, l’affaire a connu un rebondissement, des scellés non exploités étant analysés grâce aux avancées techniques. Un rapport d’expertise a entraîné la saisine d’un juge d’instruction en février et l’enquête a été relancée, quelques mois avant que les faits soient prescrits.
Deux émissions de télévision consacrées à ce meurtre non élucidé, ainsi que l’activité de la famille pour faire vivre la mémoire de Stéphane Dieterich, ont suscité aussi de nouveaux témoignages.
En décembre 2015, Christophe Blind a de nouveau été placé en garde à vue et a fini par avouer être l’auteur de cet homicide avant d’être mis en examen pour meurtre et écroué. La chambre de l’instruction a ensuite requalifié les poursuites en assassinat, comme l’avait requis le parquet.
Le verdict est attendu vendredi après-midi après la plaidoirie de la défense.