Le parlement du Kosovo s’apprête à voter vendredi la création d’une armée, ce qui crée des tensions supplémentaires avec la Serbie. Des véhicules de la KFOR, la force internationale menée par l’Otan qui assure la sécurité du Kosovo, sont déployés.
Des mouvements des forces de maintien de la paix au Kosovo ont été constatés hier par une correspondante de l’AFP jeudi, veille du vote à Pristina d’une loi créant une armée kosovare qui suscite la colère des Serbes.
Interrogé sur ces mouvements en direction de zones majoritairement peuplées de Serbes, le porte-parole de la KFOR, Vincenzo Grasso, a relativisé leur importance : « Ce sont des exercices normaux à travers le Kosovo. Nous avons quelques convois qui circulent ».
« L’un d’eux va aujourd’hui dans le Nord », une zone majoritairement peuplée de Serbes, « hier un autre est allé à Prizren », dans le Sud, a-t-il poursuivi. « Pas de raison de s’alarmer », a assuré le porte-parole.
La KFOR près de la frontière serbe
Déployée au Kosovo depuis la guerre entre forces serbes et séparatistes kosovars albanais (1998-1999, plus de 13 000 morts), la KFOR y compte plus de 4 000 hommes. Elle est chargée d’assurer la sécurité de ce territoire.
Environ 50 véhicules de la KFOR, la force internationale menée par l’Otan qui assure la sécurité du Kosovo, ont été vus dans la matinée dans la ville divisée de Mitrovica en direction de Leposavic, une autre commune peuplée majoritairement de Serbes, a constaté une correspondante de l’AFP.
Une trentaine de véhicules ont été aperçus un peu plus tard près de Leposavic, garés le long de la route menant à la frontière avec la Serbie.
Le maire de cette municipalité, Zoran Todic, a expliqué ne « pas avoir été informé de cette activité et ne pas savoir ce qu’elle signifiait ». « Ils sont lourdement armés et équipés pour empêcher des manifestations », a déclaré Zoran Todic.
Selon lui et d’autres habitants, plusieurs véhicules de la KFOR se sont dirigés vers le poste frontière avec la Serbie de Jarinje.
Tensions avec Belgrade
Aujourd’hui, à côté de la police, les 2 500 membres des forces de sécurité du Kosovo (KSF), légèrement armés, sont surtout chargés de missions de sécurité civile.
Le budget de quelque 57 millions d’euros prévus en 2019 pour commencer à les transformer, et les 5 000 soldats (plus 3 000 réservistes) qu’elles compteront au final, n’en fera pas une force comparable à l’armée serbe, avec ses quelque 30 000 militaires, ses blindés et ses avions de chasse.
Mais sa création intervient dans une atmosphère exécrable, illustrée par l’instauration en novembre par le Kosovo d’une barrière douanière sur les importations serbes.
Le dialogue est au point mort et chaque crise donne lieu à une escalade verbale. En préalable à toute normalisation, Pristina exige une reconnaissance de son indépendance proclamée en 2008, quand la Serbie inscrit dans sa constitution sa tutelle sur son ancienne province majoritairement peuplée
Le Kosovo a déclaré en 2008 son indépendance que la Serbie ne reconnaît pas. Quelque 120 000 Serbes y vivent toujours. Leur fidélité va à Belgrade et ils ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina.
Les dernières émeutes violentes dans les secteurs majoritairement serbes du nord du Kosovo remontent à 2012, quand les autorités kosovares y avaient envoyé la police prendre le contrôle de deux postes frontières avec la Serbie.
Le parlement du Kosovo s’apprête à voter vendredi la création d’une armée, attribut à la souveraineté revendiquée par Pristina, mais motif supplémentaire de tensions avec la Serbie.