Procès Fourniret. L’ogre des Ardennes joue d’une « mémoire vieillissante ».

Le tueur en série, jugé à Versailles pour l’assassinat de Farida Hammiche, en 1988, a provoqué la colère des parties civiles en invoquant une mémoire défaillante et en distillant des bribes d’informations sur le lieu où est enterrée la femme de 30 ans. Le verdict est attendu vendredi.

« La raison pour laquelle j’ai tué Farida Hammiche, elle est tout simplement abjecte : une question d’argent », a déclaré ce jeudi Michel Fourniret, jugé aux assises de Versailles pour l’assassinat de cette femme de 30 ans, en 1988. Il n’y avait dans ce crime, qu’il a avoué en 2004, « aucun aspect d’ordre sexuel », a-t-il répété. Farida Hammiche était l’épouse de Jean-Pierre Hellegouarch, un ex-codétenu de Fourniret. Il avait sollicité le tueur en série, via sa femme, pour récupérer des pièces et lingots d’or cachés dans un cimetière.

Un « service » contre une commission promise : « Mais une fois le travail effectué, il n’était plus question de rien », assure l’accusé, laissant entendre qu’il a attendu avant « de se décider à mettre la main sur le magot ». Combien de temps ? demande le président. Fourniret reste muet. Lors de son interrogatoire, l’homme de 76 ans, déjà condamné à la perpétuité en 2008 pour les meurtres de sept jeunes femmes, a multiplié les silences, distillé des bribes d’informations et même invoqué une « mémoire vieillissante ». Comme sur la façon dont il a tué Farida Hammiche. « Je n’en ai pas souvenance, dit l’ogre des Ardennes. Mais c’était vraisemblablement par étranglement. ».

Où est caché le corps ? « À cet instant, je ne le sais pas »
Il a nargué encore les parties civiles, qui veulent savoir où est enterré le corps de Farida Hammiche, jamais retrouvé. « Vous nous dîtes l’avoir déposé dans une carrière sable, relève Me Didier Seban. Mais ensuite, vous n’avez plus de souvenir. Alors, c’est quoi ?, demande l’avocat. « Les deux », tranche Fourniret.

À son tour, Me Yolaine Bancarel insiste : « Pourquoi faites-vous payer le prix aux frères et sœurs de Farida ? Ils vous ont fait quoi, ces gens-là ? » Réponse : « Je suis à la fois un dingue et un sale type ». L’avocate veut une réponse : « Oui ou non » Michel Fourniret sait-il où il a caché le corps ? « Honnêtement, à cet instant, je ne le sais pas. Mais il n’est pas impossible que dans le subconscient, quelque chose apparaisse… », lance-t-il, provoquant la colère des parties civiles. Le verdict est attendu ce vendredi.