Maassen, le maître espion allemand, dérape sur les violences de Chemnitz.
Le patron du Renseignement, chargé de défendre la démocratie, s'en prend aux médias et à la chancelière Merkel. Malaise.
Pour un homme de l'ombre, Hans-Georg Maassen doit gérer le feu des projecteurs après s'être publiquement opposé à Angela Merkel. La semaine dernière, le directeur des Renseignements intérieurs a contredit dans la presse sa chancelière, mettant en doute l'existence de « chasses à l'homme » anti-immigrés lors des manifestations d'extrême droite dans la ville de Chemnitz.
« Il y a de bonnes raisons de penser qu'il s'agit d'une fausse information à des fins délibérées, afin de détourner l'attention du public », avait-il même osé. Une polémique de plus pour cet homme de 55 ans qui a grimpé les échelons du ministère de l'Intérieur pour atteindre en 2012 le fauteuil de patron de l'Office fédéral de la protection de la Constitution. Un service de renseignements dont la mission est de surveiller les activités extrémistes.
La nomination de cet ancien professeur de droit, au regard perçant cerclé de petites lunettes, devait redorer le blason d'une institution très contestée après le fiasco de la surveillance du groupuscule néo-nazi NSU. Sauf qu'aujourd'hui, Maassen est soupçonné de flirter d'un peu trop près avec l'extrême droite allemande.
Dans la lignée de son ministre de tutelle, le très conservateur Horst Seehofer, Maassen n'a jamais fait mystère de son opposition à la politique migratoire d'Angela Merkel. Il est aussi accusé d'avoir « conseillé » des cadres de l'AfD, avant même que le parti d'extrême droite n'entre au Bundestag.
L'opposition réclame sa démission. Mais Angela Merkel peut-elle limoger Maassen, sans faire de son contradicteur un martyr et un objet de récupération pour ses adversaires ?