J'ai fait campagne dans le sud de l'Eure. J'y ai vu des fermes abandonnées, des prés vides, des centres-villes se vider de leurs habitants et de leurs commerces, des gares désaffectées, des personnes de tous âges sans voiture livrées à elles-mêmes pour se déplacer, des jeunes qui partent pour aller étudier et ne reviennent plus, des femmes actives obligées de prendre des journées de congé pour emmener leurs parents en rendez-vous médical ou au marché.
J'ai vécu concrètement la réalité d'un département privé d'interconnection avec ses voisins normands. La gare fermée à Saint-André de l'Eure ; une gare fantôme à Verneuil sur Avre sur la ligne Paris-Granville ; et puis Evreux, reliée à Paris et Caen, avec un trou de 3 heures l'après-midi et pas de train le soir, Evreux où l'on croise tous les jours des personnes venant de Rouen pour travailler ou qui vont travailler à Rouen : ce sont 10.000 déplacements par jours entre les 2 villes en passant par l'agglomération Seine-Eure, et là pas de train !
Les Régions ont un rôle crucial à jouer dans la transition écologique et solidaire. Comme autorité organisatrice des transports, comme chef de file pour le Climat, comme responsable de la mise en place du SRADDET : il faut s'emparer de manière volontaire de cette question des transports, pour sortir du modèle du tout-routier qui dérègle le climat, pollue l'air, et condamne nos concitoyens à se débrouiller par eux-mêmes - s'ils en ont les moyens.
Réouvrir une ligne de train voyageurs entre Evreux et Rouen doit être une priorité pour la transition écologique, solidaire, et l'égalité des territoires.
Nous avions obtenu du Président Le Vern une étude de faisabilité en 2008, juste avant que le projet sarkozyste de LGV normande ne vienne balayer tout projet de trains du quotidien.
La Cour des Comptes remet aujourd'hui en cause le modèle TGV : il est ruineux pour les finances publiques et la SNCF, et il nous prive des trains du quotidien qui étaient un fleuron français jusque dans les années 60 - avant que les années Pompidou ne poussent les Français à s'endetter pour se véhiculer eux-mêmes, pour la croissance de l'industrie automobile, la promotion des grandes surfaces, et l'étalement urbain, toujours plus loin des centres-villes.
Rendez-nous des villes et des villages apaisés, des places publiques vivantes. Ne faisons pas de la France une grande galerie commerciale où l'espace public est privatisé, où les terres agricoles sont remplacées par des parkings, des rocades, des zones d'activités bientôt transformées en friche quand une nouvelle apparaît près du nouvel échangeur qui a poussé quelques kilomètres plus loin.
La France que nous aimons, celle des films des années soixante, celles que les touristes du monde entier nous envient, c'est la France des terroirs, des places, pas la France moche des entrées de villes publicitaires, des rocades et des parkings.
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