Quel messie attendons-nous ?
Lorsque les prophètes annonçaient le Messie, Sauveur du monde, leurs contemporains n’imaginaient pas un ouvrier artisan qui n’est ni prêtre ni intellectuel, travaillant paisiblement dans son échoppe de Nazareth, s’écorchant plus d’une fois les doigts. Ils attendaient quelqu’un de tout puissant qui mettrait soudainement fin à ce monde de misère et aurait enfin créé l’humanité parfaite. Rien de cela ne s’est produit durant la vie de Jésus sur la terre.
Le récit de ce dimanche nous invite à nous poser une question fondamentale : quel messie attendons-nous ? Cette question s’impose à notre foi parce que manifestement, dans son humanité, Jésus de Nazareth ne correspond pas au messie attendu. Pensons à tous ces messies recherchés pour régler nos crises économiques et politiques. On espère toujours que ces messies nous arracheront aux côtés pénibles de la vie. Or pour faire un pas important dans la connaissance du Messie, il faut nous ouvrir à la réalité telle qu’elle est, avec ce qu’elle peut comporter de blessures pour tous nos rêves de puissance et d’avoir. Ainsi, nous serons sensibles à la force mystérieuse qui nous habite, et qui a habité Jésus, pour faire naître la vie au moment où nous seront tentés de ne rien faire et de nous abandonner à la mort. C’est ce que signifie l’incarnation. C’est ce type de messie qu’est Jésus et que nous célébrons à Noël.
Fondamentalement, Jésus ne dit pas que l’infirmité, la violence ou la pauvreté n’existeront plus ; il dit qu’une énergie mystérieuse l’habite qui lui permet de contribuer à la transformation des autres pour qu’ils trouvent la vie là où ils sont. Cette énergie est en chacun. Quand il affirme que le plus petit dans le Royaume est plus grand que Jean-Baptiste, il veut signifier simplement que tout être croyant dispose, grâce à la foi, d’une puissance transformatrice qu’aucun grand de ce monde ne peut égaler.