"A la rencontre des derniers peuples nomades
Ca pourrait etre une vision du paradis terrestre. Dans les eaux turquoises du recif corallien, avec ses plages de sable blanc et ses palmiers que balance le vent chaud, l'ile de Sulawesi dans la mer des Moluques est le refuge de l'un des derniers peuples de nomades marins : les Badjo Lau.
Seuls une centaine d'irreductibles "" hommes-pirogues "" vit encore sur les "" leppas "", ces petits bateaux a balanciers sur lesquels s'entassent jeunes et vieux d'une meme famille. La majorite de leurs freres badjos est maintenant sedentaire , mais meme s'ils ont choisi de vivre dans des maisons, ils n'ont pas rompu le lien avec la mer et c'est sur les hauts fonds coralliens qu'ils ont construit leurs cabanes sur pilotis. Jamais un Badjo ne dort a terre...
La nature est douce et les ressources de la mer semblent abondantes. Au filet ou a la traine, a la nasse ou au baton, au harpon de bambou ou a la main, mais toujours en pirogue, les Badjos sont habiles a pecher de toutes les manieres et semblent vivre decemment de la vente de leurs poissons seches. Pourtant ce peuple risque de disparaitre et, a y regarder de plus pres, c'est tout l'ecosysteme marin d'Indonesie qui est aujourd'hui menace.
Il y a trente ans, les commercants chinois se sont installes dans la region pour alimenter le marche de Hong Kong en poissons vivants et ils ont importe ici des methodes de peche bien particulieres... Pour quelques poignees de roupies les pecheurs badjos se sont mis a leur service. Avec des compresseurs qui les alimentent en air au moyen d'un long tuyau, de jeunes plongeurs descendent dans les profondeurs glacees pour capturer les plus beaux specimens de poissons du corail. Mais pour les Chinois, le poisson n'a de valeur que s'il est capture vivant, car il devra etre expose dans les aquariums des restaurants chics de Hong Kong avant d'etre consomme par une clientele fortunee prete a payer jusqu'a 150 $ le kilo. Pour capturer ces poissons vivants, les plongeurs encerclent les bosquets du corail et ""gazent"" toutes les issus avec une solution de cyanure. Le gros poisson, anesthesie, se laisse alors saisir a la main, sans resistance, mais le plancton et le corail meurent et, a l'abri des regards, c'est comme une lepre qui gagne tout le lagon.
Derriere cette destruction se cache aussi un drame humain. Les plongeurs meurent jeunes ou sont atteints de paralysie, car personne ne leur a explique les effets de la ""maladie du caisson"". Et ces plongeurs badjos se relaient sans cesse et remontent a la surface sans aucun palier de decompression...
Pour les jeunes generations, le "" business "" du poisson vivant a mis fin au respect de la mer qui fait partie de la tradition badjo et, tandis que certains continuent d'invoquer les esprits benefiques de la mer au cours de seances chamaniques, d'autres ont renonce au filet ou au harpon pour pratiquer la peche a la dynamite, une autre facon de gacher les ressources et de saccager le corail...
Une equipe de Pixie TV a partage la vie de ce peuple de la mer a ce tournant de son histoire, elle a rapporte un temoignage inedit et un document rare sur les derniers ""hommes-pirogues "" d'Indonesie. Premiere diffusion dans le magazine Thalassa sur France 3, le vendredi 14 novembre en prime time, sous le titre "" Sang Sang, l'homme-pirogue "".
Voir la video complete sur imineo.com : http://www.imineo.com/documentaires/explorer/peuples-tribus/thalassa-badjao-lao-hommes-pirogues-video-1895.htm"