Bertrand Ludes : directeur de l’Institut médico-légal de Paris
Emission du 8 avril 2014.
La médecine légale a bénéficié de nombreuses avancées en ce qui concerne l’identification du corps dans le cadre des autopsies judiciaires : ondotologie médico-légale (car la dentition résiste le mieux au temps et même à la carbonisation) l’analyse du squelette permet d’approcher le sexe, la taille, l’âge de la victime. L’entomologie médicale, c’est-à-dire l’étude de la présence, par vagues successives, de larves, d’insectes et d’autres micro-organismes permettent de dater la survenue du décès tels que nous l’ont enseigné les « bodyfarms » installées par William Bass aux USA. Mais c’est essentiellement les empreintes génétiques mises au point en 1985 par Alec Jeffreys qui permet une plongée dans le temps et permets de faire revivre l’identité d’une personne grâce à son ADN. Pour en parler nous sommes en compagnie du professeur Bertrand Ludes , ancien doyen de la faculté de Strasbourg et récemment nommé à la tête de l’Institut médico-légal de Paris, un Institut qui réalise plus de deux mille autopsies médico-judiciaires sur les 9000 qui sont effectuées en France chaque année. Bertrand Ludes s’est passionné pour l’étude des facteurs taphonomiques (dégradation post-mortem de l’ADN). Il nous parlera également de la place de la virtopsie (c’est-à dire l’utilisation d’images corporelles en cas de mort suspecte) qui permet de compléter ou d’éviter la pratiques des autopsies mais aussi le développement du respect dû au défunt et à sa famille passés depuis peu dans des textes de loi. La médecine légale s’occupe aussi des victimes d’agressions de toutes sorte y compris sexuelles. Cette activité de victimologie a été récemment restructurée sur l’ensemble de notre territoire. Ainsi la médecine légale, mal connue est un vaste champ de recherche et de pratique éthique.